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À la tribune de l'ONU, le positionnement compliqué de Lula, partisan du "dialogue" sur la guerre en Ukraine

L’Assemblée générale de l’ONU s'est ouverte mardi 19 septembre à New-York avec ses traditionnels discours de chefs d’État. Le président brésilien a été le premier à s'exprimer alors que la communauté internationale est divisée sur le conflit ukrainien.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président brésilien Lula da Silva s'est exprimé à la tribune de l'ONU le 19 septembre 2023 (SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Comme le veut la tradition, le Brésil a le privilège depuis 1947 de s’exprimer en première position à la tribune de l’ONU lors de son Assemblée générale, et donc de s’adresser à une audience encore fraîche, disponible, dont l’attention n’a pas été altérée par de longues heures de discours. Tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky devait s’exprimer pour la première fois à la tribune dans la soirée. Le conflit ukrainien fait partie des thématiques qui divisent la communauté internationale, entre défenseurs de la souveraineté ukrainienne et partisans de la paix et donc d’un dialogue avec la Russie. C’est le cas du président brésilien Lula da Silva.

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Dans ce contexte, Lula, qui veut porter depuis son élection l’an dernier une initiative de paix sur le conflit ukrainien, a remis sur la table l’idée d’une négociation. "Nous ne sous-estimons pas les efforts qui mèneront à la paix. Mais aucune solution ne sera possible sans dialogue. Il est impératif de travailler pour ouvrir des espaces à la négociation. Nous continuerons de critiquer toutes les tentatives qui visent à diviser le monde, créer des zones d’influence et replonger dans une guerre froide" a déclaré le président brésilien à l'ONU.

Lula rencontrera, en face-à-face, mercredi soir à New York Volodymyr Zelensky. Lula défenseur du multilatéralisme, de la troisième voie diplomatique en pole position des pays qui n’encouragent pas nécessairement l’invasion russe en Ukraine, mais qui refusent de se plier à la voie imposée par les Occidentaux.

Le Brésil et la Russie sont tous les deux membres des Brics

C'est un exercice périlleux pour Lula que de soutenir un chef d’État comme Vladimir Poutine qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI). Ce qui a valu à Lula un embarras début septembre lorsqu’un journaliste lui a demandé si Vladimir Poutine serait invité au prochain G20 organisé au Brésil. Le président brésilien a affirmé que son homologue russe serait invité et qu’il n’y avait aucune raison pour que Vladimir Poutine soit arrêté. Or, le Brésil a ratifié les statuts de la CPI et se doit donc d’arrêter sur son territoire toute personne visée par un mandat d’arrêt de la CPI. Lula s’est donc repris deux jours plus tard en affirmant, finalement, qu’il appartiendrait au ministère de la Justice de décider de l’arrestation de Vladimir Poutine.

Lula a un problème de positionnement vis-à-vis de la Russie, car la Russie fait partie des membres-fondateurs des Brics dont Lula est l’un des principaux porte-parole. Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, une alliance qui s’est encore élargie fin août et qui entend profiter de cette session onusienne pour afficher sa solidarité. Les Brics pèsent 40% du PIB mondial, représentent près de la moitié de la population de la planète et commencent à inquiéter les Occidentaux. C’est pourquoi certaines chancelleries commencent à regretter le Lula d’avant, à le présenter comme un président has been, presque gâteux, car son discours devient inaudible pour les Occidentaux.

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