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Transportez-moi. L'Armada de Rouen 2019

La 7e Armada de Rouen, jusqu'à demain soir, dimanche 16 juin, c'est l'un des plus grands rassemblements de grands voiliers anciens, qu’ils soient militaires ou de commerce. Un événement qui rassemble des milliers de visiteurs.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'Hermione, à l'Armada de Rouen (Seine-Maritime), vendredi 7 juin.  (FRANCE 3)

Une cinquantaine de gros voiliers alignés à quai étaient présents cette année à Rouen pour la 7e édition de la célèbre Armada. Jusqu'à demain soir dimanche 16 juin, avec la grande parade, ils ont rendez-vous avec l'Histoire, car la vie à bord est un condensé de l’organisation des sociétés de l’époque. Une vie très rudimentaire et précaire, attendait les marins durant tout leur voyage.

Le fléau du scorbut

Une maladie très répandue chez les marins était dévastatrice, pendant une longue période de l'histoire, pour ceux qui avaient le malheur de la contracter. Il s'agit du scorbut, une pathologie due à des carences en vitamine C. Les marins vivaient de sombres heures lorsqu’elle s'installait dans leur organisme.

Ismaël Bélisle, écrivain de marine et auteur de La voile et le Canon, explique que les symptômes sont entre autres, le gonflement des gencives ainsi qu'une perte partielle voire totale de la dentition, et puis dans les cas les plus avancés, la mort. Des solutions ont du être mises en place pour ne plus vivre ces voyages avec le risque de mourir.

Le capitaine Cook a alors trouvé à l'époque que la choucroute fermentée était une source de vitamines

Ismaël Bélisle, écrivain

L'Hermione

Parmi cette cinquantaine de bateaux présents à Rouen, il y a la fameuse frégate L'Hermione. Ce navire de guerre aux 26 canons a servi à Lafayette pour aider les indépendantistes américains. Reconstruite et remise à l'eau après 17 ans de dur labeur, L'Hermione est devenue un véritable ambassadeur du patrimoine français. Yann Cariou, l'actuel commandant de L’Hermione, parle d'une belle formation pour ces nouveaux marins prêts à naviguer avec les mêmes méthodes qu'à l'époque. 

La plupart de ces navires sont devenus aujourd’hui des écoles de marins, une belle façon de faire face aux éléments dans des bateaux fragiles, comme leurs  prédécesseurs. C'est une expérience que Julien Artaud, devenu gabier, c'est-à-dire aux manœuvres des voilures, a vécu à 18 ans sur L'Hermione. Poussé par la curiosité et l'envie d'apprendre la vie en mer, il s'est engagé pour partir durant plusieurs voyages avec ce grand voilier.  Et ce de façon bénévole, comme d'autres jeunes sur ce voilier.

L'Hermione au large de Brest en 2016 (STICHELBAUT BENOIT / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

 Mais compte tenu des nouvelles technologies, la question de la nécessité à apprendre à ces futurs officiers de naviguer à la voile se pose. Mais de tout temps, et encore aujourd’hui, la marine a cherché des matériaux résistants.

À l’époque, il fallait trouver des bois nobles pour construire ces voiliers. Isabelle Georget, de l’association de L’Hermione, explique que pour la construction de ce navire, il fallait rechercher le parfait tronc d'arbre qui pouvait coller à la forme souhaitée. Or, à l'époque les rois avaient leurs forêts, six mois suffisaient alors pour construire ces voiliers de guerre.

Aujourd’hui l’utilisation de la voile revient à l’honneur

Certains cargos utilisent même des cerfs-volants géants ou installent des ailes d’avion sur les côtés de leur voilier pour ne plus utiliser de fioul.

Le secteur du transport maritime recrute toujours autant de marins, mais aussi des ingénieurs et techniciens pour la construction navale. Sachant qu’aujourd’hui 95% des marchandises sont transportés par la mer.

Pour autant, cette Armada nous ramène aux fondamentaux : diriger un navire même dans les pires conditions, surtout en cas de panne. C’est l’objectif de l’école nationale supérieure maritime, Gilles Duchemin, son directeur, parle de formation complète, nécessaire au bon apprentissage d'un navire. Qu'il soit marchand ou à voile.

Malheureusement, si les technologies ont fait des progrès importants, elles ne protègent pas à 100% des tempêtes. Cela a été récemment le cas, avec ce marin pêcheur en perdition et les sauveteurs de la SNSM qui ont voulu le secourir au péril de leur vie. Malgré l’expérience accumulée de ses bénévoles, la SNSM reste fragile, car elle dépend beaucoup de la générosité du public. Plus que jamais, à la veille de la saison touristique, où des milliers de plaisanciers seront comme chaque année secourus, le président Xavier de la Gorce veut alerter l’opinion. 

Aucune embarcation ne peut résister à des tempêtes exceptionnelles qui seront de plus en en plus fréquentes, notamment à cause du dérèglement climatique. La technologie marine n’a donc pas fini de nous étonner, tout comme ces fabuleux bateaux présents à l’Armada.

L'hommage des sauveteurs de la SNSM le 10 juin 2019 aux Sables-d'Olonne (Vendée). (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

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