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L'aide au transport des réfugiés et des migrants : comment se substituer aux États démissionnaires

On a célébré ce samedi 18 décembre 2021 la Journée internationale des migrants, avec une question au cœur de l’actualité, avec les drames que nous connaissons, en Manche et en Méditerranée. Ce 24 novembre, ce sont encore 27 migrants qui ont disparu lors du naufrage le plus meurtrier depuis 2018.   

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 676 min
Des réfugiés africains sauvés par le cargo Ocean Vikiing et SOS Méditerranée, près des côtes libyennes entre le 2 et le 11 novembre 2021. 314 personnes ont été sauvées au cours de 4 opérations de sauvetage.  (EYEPRESS NEWS VIA AFP)

L’ONU dénombre environ 280 millions de migrants, conséquence de bouleversements politiques, économiques et climatiques. Rien n'arrête les personnes en détresse ou en danger. Le nombre de personnes traversant illégalement les mers a explosé : plus de 33.000 en  2021, soit 3 fois plus qu’en 2020 et 14 fois plus qu’en 2019.  

Dans ces migrations, les traversées maritimes sauvages font toujours de nombreuses victimes

Face à ce fléau, des bateaux affrétés par des ONG, comme SOS Méditerranée, tentent de sauver ces désespérés. Des bateaux comme l’Aquarius ou l’Ocean Viking, qui ont déjà secouru 34.000 personnes, se substituent aux États démissionnaires. Pourtant, cette assistance vitale est souvent dénoncée comme participant à la multiplication des candidats au voyage, ce que réfute Fabienne Lasalle, directrice adjointe de SOS Méditerranée.   

"Les chiffres le prouvent : qu’il y ait des navires présents en Méditerranée pour porter assistance ou qu’il n’en y ait pas, les traversées continuent. Ça serait un peu comme reprocher l’existence d’ambulances qui seraient responsables des accidents." 

Fabienne Lasalle, directrice adjointe de SOS Méditerranée

à franceinfo

Des réfugiés africains sauvés par le cargo Ocean Vikiing et SOS Méditerranée, près des côtes libyennes entre le 2 et le 11 novembre 2021. 314 personnes ont été sauvées au cours de 4 opérations de sauvetage.  (EYEPRESS NEWS VIA AFP)

Elle souligne par ailleurs que les ONG sont les seules à respecter le droit maritime international. Ce dernier stipule que les personnes recueillies doivent être débarquées dans un "port sûr". Or, les États européens ont signé un accord avec les garde-côtes libyens, précipitant à nouveau les réfugiés dans l’enfer de ce pays.    

Par ailleurs, il faut pouvoir repérer les embarcations en perdition, pour les signaler aux bateaux environnants. C’est pourquoi un appui stratégique est assuré par des ONG comme celle créée par José Benavente : Les Pilotes Volontaires. Ancien fonctionnaire de la Croix Rouge Internationale, il a investi ses économies dans l’achat d’un petit avion monomoteur de tourisme. Depuis 4 ans, il survole les mers, repère et communique la position des embarcations en détresse, afin de sauver des vies avant qu’il ne soit trop tard. 

"Des drames se sont littéralement produits sous nos yeux, où des bateaux pneumatiques ont commencé à se dégonfler. Les gens tombaient à l’eau et se noyaient. On sait que malheureusement, lorsqu’ils passent plus de 24 à 48h en mer, on commence à compter les morts, et ce sont les enfants et les femmes qui partent en premier." 

José Benavente

à franceinfo

José Benavente, le fondateur de l'association Pilotes Volontaires.  (MICHEL STOUPAK / NURPHOTO / AFP)

Hier en Méditerranée centrale, route maritime la plus mortelle au monde, avec 1.300 morts en 2021, aujourd’hui aux Canaries, ces pilotes volontaires ont effectué 200 vols d’observation et repéré plus de 250 embarcations. Au total, ils ont pu signaler quelques 13.000 personnes en détresse. Et, à ce titre, José Benavente ajoute :

"La mer n’est plus un cimetière, mais une fosse commune, où les disparus anonymes le restent à jamais." 

José Benavente, fondateur des Pilotes Volontaires

à franceinfo

Le périple de Reza Rezai, un afghan de l'ethnie Hazara

Pour la plupart, ce n’est évidemment pas par choix que ces migrants risquent leur vie, comme Reza Rezai, un afghan de l’ethnie Hazara, qui a été emprisonné et torturé avant de réussir à s’évader, et à traverser 10 pays pour rejoindre la France.

Il a voyagé dans des containers, des trains de marchandises, des coffres de voitures, à pied dans les montagnes pour passer les frontières. souvent capturé, mis dans des camps, évadé, embarqué sur des bateaux de fortune, dépendant de passeurs sans scrupules. Il a fini par arriver en France, au bout de 6 mois d’un voyage au bout de l’enfer. Survivant à force de volonté, il parle 6 langues et est maintenant parfaitement inséré.

Il raconte son périple dans un livre, Face à l’exilUn article lui est dédié, pour raconter sa course folle.

Les migrations peuvent aussi être légales

Pour ces migrants légaux, l’OIM (Organisation internationale pour les migrationsfait appel à des ONG comme Aviation sans frontières pour les accompagner, faciliter les démarches administratives, etc,.. Ainsi plus de 4.000 migrants chaque année sont accompagnés en vol par des bénévoles, pour la plupart du personnel navigant de compagnies aériennes. 

Et la solidarité prend tout son sens vue de l’espace, comme le dit si bien Thomas Pesquet, le parrain d’Aviation sans frontières.

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