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Toute dernière fois. 1971, le dernier militaire français quitte l'Algérie

Tout l'été, nous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. En avril 1971, le dernier détachement français quitte définitivement l'Algérie.
 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une foule s'appète à débarquer du bateau "Ville d'Oran" dans le port de Marseille en provenance d'Algérie, le 8 avril 1962. (AFP)

Retour sur le départ d'Algérie du dernier militaire français suite à l'indépendance du pays.

Leurs parents, parfois même leurs grands-parents avaient vécu, travaillé et aimé sur cette terre d’Algérie. La métropole n’était souvent qu’une abstraction lointaine, un territoire hexagonal que certains ne connaissaient même pas. Et pourtant, il fallait s’arracher à cette terre ensoleillée d’Afrique du Nord, la rendre à une population locale qui avait conquis par les larmes, les armes, le courage et le sang le droit de construire indépendamment son futur. Ils étaient un million, ceux qu’on appelait les Européens et qui étaient en fait à une très large majorité Français.
200 000 partirent en 1961, dans le fracas de la guerre et des attentats perpétrés par l’OAS. Un demi-million les suivra entre les accords d’Evian de mars 1962 qui ouvrent la voie à l’indépendance et l’indépendance en tant que telle début juillet. Certains espèrent encore revenir en Algérie.

Un journaliste : "Quatre rotations maritimes fonctionnent déjà actuellement et c'est un véritable pont aérien qui est déjà en place entre Alger et Marseille et c'est d'ailleurs à Marseille-Marignane que nous avons rencontré quelques uns de ces réfugiés."

Un autre journaliste : "Est-ce que vous pensez rester définitivement en France ?"

Une réfugiée : "Monsieur, le problème est tellement difficile. Si vraiment il y avait l'indépendance, ce serait impossible d'y retourner

L'autre journaliste : "Est-ce que vous pensez rester définitivement en métropole ?"

Une autre réfugiée : "Je ne sais pas encore. Suivant les évenements. J'ai toute ma famille en Algérie. Excusez moi...." [Elle se met à pleurer].

Après l’indépendance, il reste encore 200 000 pieds-noirs en Algérie. 150 000 d’entre eux quitteront le pays d’ici à la fin de l’année 1963. Des Harkis feront aussi ce voyage sans retour. Mais beaucoup, de trop nombreux seront abandonnés à la violence algérienne, abandonnés par la France qu’ils avaient pourtant servie.
Des propriétaires expulsés par les autorités algériennes et dont les biens, essentiellement des entreprises et des exploitations agricoles sont immédiatement jugées vacantes et à ce titre confisquées. Le 1er octobre 1963, un décret impose la nationalisation des dernières terres appartenant aux colons.

Il reste encore des Français en Algérie

Des soldats, malgré la défaite militaire. Les accords d’Evian avaient prévu un retrait de toutes les forces militaires françaises dans un délai de deux ans après l’indépendance, mais la France avait négocié le maintien d’une base militaire pour 15 ans à Mers-el-Kebir ainsi que l’utilisation de centres d’expérimentations notamment nucléaires dans le Sahara pour cinq ans. Ces bases du sud saharien seront évacuées début 1967. La base de Mururoa était prête pour accueillir les essais nucléaires français. Mers-el-Kebir sera évacuée plus tôt que prévue en 1968.


Il restera des soldats français sur la base aérienne de Bou Sfer non loin d’Oran. Inaugurée après l’indépendance en 1964, elle permit notamment d’assurer la sécurité des communications françaises en Méditerranée et en Afrique.
Le 31 décembre 1970, la base cesse son activité. En avril 1971, le dernier détachement quitte définitivement la base.

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