Marin Karmitz, fondateur de MK2, et les auteurs Philippe Collin et Sébastien Goethals pour leur roman graphique sur Action directe
Marin Karmitz, producteur, distributeur et fondateur des salles MK2, est le témoin de l'évolution du cinéma français, autant du point de vue artistique que dans les politiques culturelles menées au fur et à mesure des mandats successifs. À l’occasion des 50 ans de MK2, Marin Karmitz revient sur une partie de l'histoire du cinéma français dont il a été témoin.
Marin Karmitz a été un de ceux qui ont voulu redonner de la vie à l’Est parisien en y créant les salles de cinéma MK2. Il regrette que le monde culturel actuel "ne s’adresse qu’à certaines personnes, qui sont déjà convaincues." Pour lui, la culture a pour devoir "d’aller vers les gens", et doit se tourner vers une population à laquelle elle n’arrive plus à s’adresser.
Marin Karmitz revient par ailleurs sur sa longue carrière de producteur, où il a aidé à financer des films qui, sans lui, n’auraient probablement jamais vu le jour (comme Sauve qui peut (la vie) de Jean-Luc Godard ou Poulet au vinaigre de Claude Chabrol), et où il a voulu également rendre hommage au pays qui l’a accueilli enfant alors qu’il fuyait la Roumanie, et à sa diversité, notamment avec la trilogie Trois Couleurs, réalisée par le Polonais Krzysztof Kieślowski. Une rétrospective donnée au Festival Lumière à Lyon met les films réalisés par Karmitz à l'honneur. Lui, qui n’a plus réalisé de films depuis 1972 avec Coup pour coup, a été "bouleversé" par l’accueil que les spectateurs ont réservé à ces projections, raconte-t-il.
Une carrière mise à l'honneur avec la parution du livre d'Antoine de Baecque, Marin Karmitz. Une autre histoire du cinéma, et dans le film documentaire Souviens toi du futur ! de Romain Goupil, en salles le 23 octobre 2024.
L'Escamoteur, une bande dessinée sur les pas d'un infiltré au sein d'Action directe
Sébastien Goethals, dessinateur, et Philippe Collin, écrivain et journaliste à France Inter, reviennent sur leur roman graphique L’Escamoteur. Un ouvrage qui mêle le récit politique de la France des années 1970 à l’histoire personnelle du dessinateur Sébastien Goethals, qui grandit dans une famille qu’il décrit lui-même comme étant "flower-power, baba cool". C’est pendant un dîner entre amis avec ses parents qu’il découvre qu’une amie à eux est emprisonnée pour avoir hébergé chez elle un membre d’Action directe, un groupe terroriste d'extrême gauche actif au début des années 1980. Le fait de découvrir que ses parents sont liés à ce mouvement est un "choc". "Ça, c'est un point de bascule, et c'est la fin de mon enfance, d'une enfance très heureuse, vers quelque chose de plus sombre", raconte-t-il.
"Le but, c’était de raconter une époque, avec ses tensions, ses angoisses et de raconter une histoire politique de la France."
Philippe Collinà franceinfo
Sébastien Goethals précise par ailleurs qu’il ne voulait "pas raconter l’histoire de [son] petit ghetto d’extrême gauche". En effet, cet album "raconte l'évolution en France de l'extrême gauche, dans ses mouvements, et même dans ses tensions internes", explique Philippe Collin. Une période que Sébastien Goethals qualifie cette fois encore de "moment de bascule, dans une période critique où Mitterrand s’apprête à accéder au pouvoir." Des moments qui sont "toujours très propices au scénario", explique le dessinateur.
Une émission avec la participation de Matteu Maestracci, journaliste au service culture de franceinfo.
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