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Réacteur nucléaire EPR : un retard chronique

Edf annonce un nouveau report de l'ouverture du réacteur nucléaire de troisième génération EPR de Flamanville en Normandie. Il devait entrer en service en 2012, finalement, ça ne sera pas – au meilleur des cas – avant 2017. Un nouvel épisode dont se seraient bien passés les trois partenaires : Edf, Areva et l’Etat
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© MaxPPP Chantier de l'EPR de Flamanville)

Edf le maître d'ouvrage, Areva le maître d'œuvre, et l’Etat actionnaire qui détient 87% du capital du groupe nucléaire français. D’un projet initial de 3 milliards d’euros, on en est aujourd’hui à quelque 8 milliards et demi, soit près de trois fois plus que prévu.

A qui la faute ? EDF – qui n’avait pas investi dans un tel chantier depuis 20 ans – affirme qu’Areva tarde à livrer certains équipements. Les normes de sécurité post-Fukushima sont draconiennes. Un seul exemple : la chape de béton qui protège le réacteur est censée résister au crash d’un Boeing ou d’un Airbus.

 

Pour Areva, ce nouveau report coïncide avec l’annonce de mauvaises perspectives comptables

 

Le groupe est plombé depuis 2011 et le chiffre d’affaires devrait reculer cette année d’au moins 10%. Perspectives financières revues également pour 2015 et 2016 : les rentrées d’argent sont difficiles notamment à cause du glissement du calendrier de redémarrage des réacteurs japonais, idem pour le lancement de nouvelles constructions. Sans compter avec le réacteur vendu à la Finlande qui, lui aussi, connaît des retards à l'allumage.

 

Peut-on imaginer l’abandon pur et simple de l’EPR tel qu’il existe aujourd’hui ?

 

Arrêter Flamanville serait remettre en question une technologie sur laquelle on a fondé beaucoup d’espoirs. Or, dans le cas présent, ce n’est pas la technologie nucléaire qui est en cause mais les ajustements techniques liés à l’infrastructure.

Abandonner Flamanville,  reviendrait également à cesser la collaboration avec les 200 fournisseurs sous-traitants qui participent à l’élaboration du projet (plus de 3.000 personnes travaillent sur le site jour et nuit). Sur le fond, AREVA paie aujourd’hui les erreurs de stratégie industrielle des années passées. Fallait-il vendre à la Finlande, clefs en main, un réacteur complet sur lequel nous n’avions encore aucun recul? La diversification dans les énergies renouvelables très consommatrices de capitaux était-elle judicieuse?

On dit généralement que les regrets sont inutiles. Ce qui est vrai c'est que la tâche de la nouvelle direction du groupe qui vient d’être mise en place après le départ inattendu du président du Directoire Luc Oursel – officiellement pour raison de santé – s’annonce très lourde, et les relations avec EDF risquent bel et bien de se tendre.

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