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Rachat par Numericable : le non de Bouygues est-il définitif ?

Coup de théâtre dans le dossier Bouygues-Télecom / Numericable-SFR. Mardi 23 juin dans la soirée, le conseil d’administration de Bouygues a rejeté l’offre de rachat. L'affaire est-elle définitivement enterrée ?
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Des salariés sortant du siège de Bouygues Telecom à Issy-les-Moulineaux © MaxPPP)

Les prochaines semaines ou prochains mois nous le diront car le mouvement de consolidation du secteur est inéluctable.

Bouygues explique les raisons de son refus par trois points : 

 Il considère avoir les reins assez solides pour affronter seul les futurs enjeux et usages du numérique. L’accès au client c'est le point névralgique pour développer l'offre. Bouygues a construit cet empire. Le groupe estime qu’Altice – maison mère de Numericable – n’apporte pas toutes les garanties en matière de respect de la concurrence. Et puis son endettement fait peur : 30 milliards d'euros aujourd'hui, 40 milliards demain... où s'arrêtera l'homme d'affaires franco-israélien. Bouygues considère très risquées les conséquences sociales de l’opération notamment sur l’emploi.  

Les explications officielles cachent parfois des raisons officieuses. En clair, Bouygues a t-il une idée derrière la tête ?

 

Nous sommes clairement entrés dans un jeu de poker menteur autour du prix offert pour la filiale télécom de Bouygues. Les 10 milliards d’euros que Drahi met sur la table, c’est ce que pèse l’ensemble du groupe de BTP. Donc Bouygues est en droit de se dire : si Drahi est prêt à lâcher autant que la valeur de mon groupe pour une seule filiale, pourquoi ne monterait-il pas à 11, 12, 13 milliards d’euros, voire plus, pour décrocher le morceau ? Les affaires sont les affaires !

 

Si l’opération aboutit un jour, qu’est-ce que Bouygues pourrait bien faire de ce trésor de guerre ?

 

N’oublions pas que Bouygues, leader du BTP, c’est aussi la chaîne de télévision TF1 à qui l'on prête un projet de croissance externe avec le rachat d’un autre opérateur télé en Europe. TF1 a aussi une filiale baptisée LCI (La Chaîne Info), chaîne d’information en continu qui saura au plus tard fin 2015 si elle décroche ou non une fréquence gratuite sur la TNT (Télévision Numérique Terrestre). Si c’est le cas, le trésor de guerre sera très bien venu pour développer le projet.

Ce qui est vrai, c’est que Martin Bouygues a beaucoup de mal à lâcher son bébé. Autant le père, Francis, c’était le bâtiment, autant le fils, ce sont les télécoms. L'aspect psychologique est important dans ce genre de dossier. Pas facile de voir le chérubin quitter ainsi la maison. D’autant plus difficile quand ce départ est lié à tant d’enjeux financiers, sociaux et industriels.

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