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Plongeon des monnaies des pays émergents : la faute aux Etats-Unis

La bourse de Tokyo a terminé la séance du jour sur une baisse de 0.6%. C'est moins que les pertes enregistrées les jours précédents, mais les investisseurs continuent de réagir à la mauvaise situation des marchés émergents dont les monnaies plongent.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Ce sont les Etats-Unis qui mettent le bazar. Ce que nous constatons intensément depuis un peu plus d'une semaine couve en réalité depuis le printemps, et nous ne sommes qu'au début d'une grosse turbulence.
Inde, Russie, Turquie, Afrique du Sud et j'en passe... tous ces pays voient les investisseurs vendre en masse leurs monnaies. Exemple : sur le seul mois de janvier, l'Argentine a vu ses réserves fondre de 2 milliards de dollars.

En quoi les Etats-Unis sont responsables ?

Parce que leur bras armé, la FED (la Réserve fédérale, l'équivalent de notre banque centrale) est en train de réduire sa politique monétaire accommodante. Jusqu'à présent, la FED injectait tous les mois 85 milliards de dollars dans l'économie américaine pour la soutenir. Aujourd'hui, cette économie repart, tous les signaux sont au vert. Hier, on a appris que le PIB américain avait fait mieux que prévu au 4T13 et donc gonflé les chiffres de l'ensemble de l'année : +3,2% de croissance.
La politique de la FED a fonctionné, sa nouvelle Présidente Janet Yellen a donc décidé de poursuivre ce que son prédécesseur, Ben Bernanke, avait commencé : fermer progressivement le robinet à liquidités.
Conséquence : les investisseurs – pour ne pas dire spéculateurs dans certains cas – craignent une hausse des taux d'intérêts et retirent massivement l'argent placé à bon compte dans tous ces pays en devenir. Ils rachètent du dollar et de l'euro, plus sûrs à leurs yeux.
Ce sont ces mouvements de capitaux qui destabilisent les marchés mondiaux.


Selon vous, c'est loin d'être terminé*

Oui car ce retrait désordonné et massif des fonds placés dans les pays émergents pourrait être catastrophique pour ces derniers. Certains ont une croissance fragile et connaissent des situations politiques instables.
Et puis à terme, cela pourrait se retourner contre nous, pays développés. Le poids des émergents dans l'économie mondiale n'a cessé de croître ces dernières années. Selon l'OCDE, ils ont même pris peu à peu le relais de nos économies développées (notre part dans la production de richesses mondiale qui était de 60% en 2000 et tombée à 50% en 2010).
Attention à l'effet boomerang. N'oublions pas que tous ces pays sont nos partenaires commerciaux.

Quelle solution ?

Il faut tirer de cette histoire une leçon et une morale.
La leçon, c'est que les Etats-Unis restent dominants sur la scène mondiale. Ils font la pluie et le beau temps. Comme ses prédécesseurs, la présidente de la FED Janet Yellen, qui prêtera serment lundi, est le vrai Président américain.
La morale : c'est que cette Amérique toute puissante ne doit peut-être pas remonter trop vite et, surtout, penser aux dégâts collatéraux de sa politique monétaire.
Quant à l'Europe, désunie, elle ne peut toujours pas faire le poids et continue d'en payer le prix.

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