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Parité euro-dollar : je t'aime, moi non plus

La croissance et la crise dans la zone euro se sont invitées au sommet du G8 samedi à Camp David. L'occasion de s'interroger sur le niveau actuel de la monnaie unique... Ce niveau est-il de nature à assurer - ou accompagner - la fameuse relance de l'économie dont on parle tant ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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La question est de savoir quel est le bon niveau de l'euro. Ce matin, il cote 1 dollar 27, en baisse depuis plusieurs mois... la devise européenne souffre de la situation en Grèce et en Espagne mais aussi des interrogations autour de l'avenir de notre politique monétaire. Face aux incertitudes, les investisseurs achètent du dollar, sans pour autant négliger l'euro qui, en dépit des apparences, se maintient relativement bien.

Mais aujourd'hui l'euro est-il ''fort'' ou ''faible'' ?

Lors de l'introduction de la monnaie unique en 1999, la parité retenue était d'un euro 10 pour un dollar. Aujourd'hui, nous sommes à 1 dollar 27 (pour référence, on est monté jusqu'à 1 dollar 45 en juillet 2011, voire plus précédemment). Malgré les difficultés rencontrées par la zone euro, tel le roseau : l'euro plie mais ne rompt pas. Pour définir son niveau pertinent, les économistes utilisent "un panier de marchandises ". Ils comparent les prix de base de produits de première nécessité entre différentes zones monétaires (pour le magazine The Economist, le meilleur étalon est le prix du Mac Do dans différents pays). Ce subtil calcul est censé déterminer la bonne parité de pouvoir d'achat... certains économistes estiment ainsi que l'euro est aujourd'hui surévalué d'environ 10%.

Cela représente un avantage ou un inconvénient ?

Un euro trop faible renchérit automatiquement les produits que nous importons et dont nous ne pouvons nous passer. C'est le cas notamment du pétrole qui est facturé en dollar. Si la valeur du billet vert est supérieure à celle de l'euro, nous achetons le pétrole plus cher... avec toutes les conséquence négatives sur le pouvoir d'achat. Maintenant, qu'il soit jugé surévalué ou non, faible ou fort selon les différentes écoles d'économistes, 1 euros 27 reste plus compétitif qu'un euro 40 pour nos exportations. Cela permet de vendre moins chers nos produits à l'étranger et d'améliorer notre balance commerciale. Un seul exemple : pour un groupe européen comme EADS qui fabrique les Airbus, 10 centimes de moins sur un euro face au dollar, ce sont 7 milliards d'euros de profits supplémentaires sur une année. Dès lors, on comprend mieux l'expression guerre des monnaies... guerre que les Etats-Unis mènent aujourd'hui non pas contre l'euro mais contre le Yuan, la monnaie chinoise, sous évaluée. Pour ce qui est de l'Europe, les américains ont tout intérêt à voir y régner la stabilité. Cette stabilité qui forge les vraies et solides partenaires commerciaux... d'où leurs appels répétés pour que nous réglions nos problèmes budgétaires le plus rapidement possible.

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