Cet article date de plus de treize ans.

Les banques dans la tourmente : faut-il revoir les nouvelles normes comptables internationales ?

« Tout Info, tout éco »… le décryptage… Revenons sur la tempête qui secoue les banques… il y a tout juste trois ans (à la mi-septembre 2008)... on se souvient de la faillite retentissante de la banque américaine Lehman Brothers et la crise financière internationale qui s’en était suivi ! Est-on en train de revivre le même scénario Emmanuel ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Non. La situation est différente. Lehman Brothers a fait faillite à cause des fameux subprimes, ces crédits immobiliers vérolés dans lesquels des millions de clients avaient investi. Lehman Brothers mentait depuis quelques temps sur son niveau d'endettement. Ce n’est pas du tout ce que nous vivons aujourd’hui avec les banques françaises incriminées… bien au contraire puisqu’on on connaît précisément quel est leur niveau d’engagement dans le soutien à la Grèce… : quelque 8 milliards d’euros pour BNP PARIBAS, CREDIT AGRICOLE et SOCIETE GENERALE réunies.

C’est justement cet engagement qui pose problème !

Oui mais il n’y a pas que cela. Les spéculateurs connaissent très bien la situation et ce n’est pas l'honnêteté intellectuelle qui les étouffe. Ils disent que les banques ne récupèreront jamais leur argent et attaquent leurs titres en bourse. Or, les banques ont suffisamment mis de côté pour assumer leur engagement... les 8 milliards dont je parlais représentent l'équivalent d'un chiffre d'affaires semestriel. Si j'osais, je dirais que la Grèce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Quelle est la partie immergée ?

Et bien ce sont les futures normes comptables internationales dites de « BALE III » que les banques commencent à anticiper. Ces normes, décidées l'année dernière et que tous les centres financiers du G20 s'engagent à adopter dès 2011 avec la date couperet de 2019 pour une application totale, imposent aux banques d’avoir dans leurs caisses un niveau d'argent disponible nettement supérieur à leurs engagements extérieurs (entre 7 et 10% de plus). C’est un peu comme si une autorité de régulation du chauffage en France imposait à une famille de stocker 600 kilos de charbon dans sa cave en prévision d’un hiver rude alors que la maison n’a besoin que de 100 kilos pour se chauffer, même en cas de froid polaire. Le problème c’est que la famille en question n’a pas les moyens d’acheter 600 kilos de charbon, mais comme elle y est obligée, elle va emprunter et s’endetter. Et bien c’est ce que font les banques : pour répondre aux nouvelles normes comptables, elles devront tout faire pour trouver de l’argent… et en ce moment elles ne trouvent que du dollar cher. En plus, le moment est mal venu car on est en crise de liquidité… : d’un côté il faut de l’argent pour sauver la Grèce, de l’autre il en faut pour alimenter les soutes des banques plus que de raison. Le système s’autodétruit par des mesures censées le sauver.

Ca c'est ce que disent les tenants d'une certaine école... les avis sont quand-même partagés !

Oui certains vont m'accuser d'être le relais des groupes de pression bancaires... à tord, je vous rassure... pour ces fervents défenseurs de la régulation, les nouvelles normes de solvabilité imposées seront utiles car elles protègeront encore plus le client. Difficile de mettre tout le monde d'accord.

Quelles sont les solutions à court terme ?

Et bien tout d’abord, effectivement, renforcer la surveillance bancaire... et puis ne pas crier avec les loups et ne pas mettre toutes les banques dans le même panier. Ne pas faire preuve de discernement serait faire le jeu des spéculateurs.

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