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Le nouveau plan de la BCE va-t-il relancer l'économie européenne ?

La Banque Centrale européenne a annoncé un nouveau dispositif pour aider les Etats à se désendetter. Peut-on dire que le Président de la BCE, Mario Dragui, a réussi son pari de redonner un peu de confiance ?
Article rédigé par franceinfo
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C'est clairement une nouvelle dynamique que Mario Dragui a
insufflé hier. Même s'il n'a rien annoncé de bien nouveau par rapport à ce qui
avait fuité, il a enfoncé officiellement le clou sur plusieurs points capitaux.
D'abord : l'euro est " irréversible " ! Le mot a été
prononcé pour tuer dans l'œuf les rumeurs instantes sur un possible éclatement
de la monnaie unique. Ensuite, le rachat de dettes des pays souverains par la
BCE se fera de manière illimitée et directement auprès des Etats et non plus en
passant par l'intermédiaire des banques privées. C'est ce que fait la réserve
fédérale aux Etats-Unis. Jusqu'à présent, les patrons successifs de la BCE s'y
étaient refusés. Mario Dragui a eu l'aval de tous les membres du Conseil des
Gouverneurs sauf un : celui de la Bundesbank, la banque centrale
allemande. Qu'à cela ne tienne. La majorité l'a emporté, Dragui a gagné une
bataille.

On peut quand même se demander si toutes ces mesures vont
permettre de faire redémarrer l'économie européenne ?

La réponse est " non " car ce n'est pas le but
premier. L'objectif poursuivi est de redonner confiance aux opérateurs et faire
en sorte que les Etats qui ont besoin d'emprunter sur les marchés le fassent à
des taux d'intérêts avantageux. Mais cela ne règle en rien les problèmes plus
profonds comme la désindustrialisation de certains pays comme l'Espagne ou la
panne de croissance générale qui demandent de vraies réformes structurelles
pour soutenir les entreprises et créer de l'emploi.

Et sur ce plan la BCE ne peut rien faire ?

Elle ne peut pas tout faire en même temps. Ele doit même
garder une poire pour la soif afin de remettre un peu de carburant dans le
moteur en cas de besoin. Elle peut, par exemple, baisser les taux d'intérêts.
Actuellement, le principal taux directeur de la BCE est de 0.75%. Mario DRAGUI
dispose donc encore d'une marge de manœuvre.

D'autant que la croissance est loin d'être au rendez-vous.

Ce qui pose problème jusque dans les états-majors
politiques. On le voit actuellement. Matignon ne veut pas s'engager sur un taux
de croissance en 2013 car c'est trop sensible. Et c'est vrai. On entend dire
souvent : les économistes nous embêtent avec leurs prévisions de
croissance entre 0.5, 06. 0.7%... ça ne change rien sur le fond ! C'est totalement
faux. Démonstration : un dixième de point de croissance (0.1% de PIB), ce sont
deux milliards d'euros gagnés par l'économie française dont un milliard qui
revient directement à l'Etat. Multipliez. C'est comme le budget d'un ménage,
les petits ruisseaux font les grandes rivières. Au final, si la France voit son
Produit Intérieur Brut reculer de 1%, ce sont 20 milliards d'euros en moins
pour le pays et... 10 milliards en moins pour les caisses de l'Etat. On comprend
pourquoi le gouvernement prend son temps avant de choisir la bonne évaluation.
On ne peut pas le lui reprocher.

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