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Le joaillier Mauboussin relocalise sa production en France

Il y a les entreprises françaises reprises par des investisseurs étrangers, il y a aussi celles qui ont choisi de relocaliser en France après avoir délocalisé leur production à l'étranger. Dernier exemple en date : le fabricant de bijoux Mauboussin.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est une histoire qui revient un peu à chaque
printemps. En avril 2013 déjà, le bijoutier-joaillier Mauboussin annonçait le
rapatriement d'Inde vers la France de la production de sa bague la plus vendue,
le modèle ''Premier Jour'', écoulé à 2.500 exemplaires par an.

Mauboussin,
c'est un peu le vilain petit canard de la mythique Place Vendôme de Paris,
vilipendé par ses voisins Cartier, Van Cleef & Arpels et Chaumet. Dans la
haute joaillerie française, revendiquer une production à l'étranger et faire de
la publicité vantant les mérites du diamant à prix coûtant ne fait pas bonne
figure. Mauboussin fait aujourd'hui fabriquer les trois quarts de ses produits
à l'étranger, pour la plupart en Chine, en Thaïlande ou en Italie.

Pourquoi ce retour en France ?

La
direction explique que le groupe est parti à l'étranger il y a une dizaine
d'années car à l'époque il ne trouvait pas en France d'usine acceptant de
travailler pour une entreprise en difficultés financières. Depuis, l'enseigne qui
propose des produits milieu de gamme, s'est redressée et l'actuel patron Alain
Nemarq veut simplifier les procédures de fabrication et mieux contrôler la
production, quitte à payer plus cher.

L'entreprise
a été rachetée en 2002 par un homme d'affaire suisse à la famille Mauboussin, fondatrice
de la marque éponyme à la fin du fin XIXe siècle. Mauboussin doit faire face à
la demande et s'organiser au mieux. D'ici fin 2015, environ 20% de la
production vont ainsi revenir en France, 50% d'ici mi-2016.

Le groupe veut développer son chiffre d'affaires
en revenant en France

Avec
un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros en 2012 et 70 millions en 2013,
Mauboussin et ses 200 salariés parient sur 100 millions d'euros d'activité dans
les trois ans. Une décision que ne voient pas d'un très bon œil ses concurrents
de prestige, ceux qui ont fait le choix depuis longtemps de garder la
production en France en payant très cher des ateliers artisanaux. Ces
concurrents bijoutiers et joailliers ne facilitent pas le retour de Mauboussin.
Le groupe rencontre des difficultés à trouver des ateliers qui acceptent de
travailler pour lui.

Ce secteur n'est pas le seul à relocaliser sa
production

On
en parle souvent sur France Info : les jouets Smoby dans le Jura, les skis
Rossignol en Haute-Savoie, les chaussettes Kindy dans l'Oise, les
sous-vêtements Eminence dans le Gard : les relocalisations restent
minoritaires mais augmentent en nombre.

A
l'heure où les grands groupes internationaux s'implantent à l'étranger pour
aller vers leurs marchés de demain, les entreprises plus petites recherchent la
proximité entre les sites de production, les marchés et l'aspect social qui
joue un rôle de plus en plus important dans les structures moyennes.

C'est
l'illustration Mauboussin : le coût de la main d'œuvre n'est plus le seul
souci. L'amélioration de la logistique, de la qualité de la production et de
l'image prennent le devant. Le ministère de l'Économie a mis au point un logiciel
qui permet aux entreprises de calculer et d'évaluer l'intérêt de rapatrier leur
production. Ce logiciel peu connu s'appelle ''Colbert 2.0''. Ce n'est pas du
colbertisme ni du patriotisme forcené mais juste un outil de bon sens. A
utiliser sans modération.

 

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