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Le compteur Linky pour gérer la transition énergétique

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal souhaite accélérer le déploiement du compteur électrique Linky, censé aider les citoyens à mieux contrôler leur consommation d'énergie/ Mais si le nouveau boîtier reçoit le soutien du gouvernement, l'affaire n'est pas aussi simple.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Bernard Lorette / La Montagne / Maxppp)

Ségolène Royal l'a déclaré lors de l'inauguration d'un centre témoin EDF sur les réseaux intelligents, les "smartgrids", l'équivalent des "smartphones", les téléphones intelligents pour les communications. Linky fait partie de ces outils destinés à améliorer l'efficacité énergétique.

Plusieurs dates avait été avancées pour sa mise en place mais finalement c'est celle de 2020 qui a été retenue pour une entrée en fonction généralisée, après une montée en puissance à partir de 2016. 35 millions de foyers seront équipés, plusieurs sociétés sont sur les rangs pour fabriquer le boîtier dont une filiale de Toshiba.

Pourquoi la mise en place de ce nouvel équipement prend plus de temps que prévu ?

Il est très décrié et fait l'objet de polémiques. Outre son prix qui pose la question du "qui va payer" et "quel sera l'impact sur la facture finale des particuliers ?’’, le Linky censé aider le client à contrôler sa consommation n'a rien à voir avec les systèmes traditionnels qui permettent d'économiser l'énergie comme les thermostats ou les régulateurs de chauffage.

Linky ne transmettra aux abonnés que les volumes globaux d'énergie consommée. L'information sur le prix, elle, sera disponible uniquement via un abonnement spécifique. C'est ce qui pose problème aux yeux de ses détracteurs, dont les associations de consommateurs, qui n'y voient qu'un outil commercial.

Pourquoi Ségolène Royal en vante les mérites ?

Cette prise de position n'est pas anodine. Elle intervient dans le cadre de la vaste réflexion sur la transition énergétique dont le gouvernement est en train de finaliser le projet de loi. Et il faut aller vite. La réflexion d'aujourd'hui doit donner des résultats en 2030. C'est l'objectif fixé.

Trois scénarii sont sur la table : soit on garde le système centralisé actuel basé sur le nucléaire, mais l'entretien des vieilles centrales et le prix des réacteurs nouvelle génération EPR ne vont pas faire baisser les prix, bien au contraire. La deuxième option repose sur le "tout renouvelable" poussé par les écologistes mais trop radical. Impossible de faire la bascule en si peu de temps. Reste la troisième option : le mix-énergétique (un peu de nucléaire, un peu de renouvelable) pour assurer la transition. C'est ce que les milieux autorisés appellent "le Management décentralisé de l'énergie".

Que se cache-t-il précisément derrière cette expression ?

C'est une théorie développée par l'économiste américain Jeremy Rifkin et qui est en train de s'imposer en Europe et en France. Diversifier les sources et utiliser les nouvelles technologies pour gérer et transmettre l'énergie. Selon Rifkin, il faut conjuguer l'ensemble. Internet a un rôle à jouer dans la compétitivité au service du particulier.

Ce concept, on va en entendre parler de plus en plus. La déclaration de Ségolène Royal sur le compteur Linky participe de cette logique. Les principaux acteurs ont décidé de passer la vitesse supérieure dans ce débat. 2030, certes, c'est dans 16 ans mais à l'échelle des enjeux... c'est demain.

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