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Industrie du luxe : une valeur sûre

Gros plan ce matin sur un paradoxe : en pleine crise économique mondiale, l'industrie du luxe ne s'est jamais aussi bien portée.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Un peu plus de 1000 milliards d'euros cette année, 1200
milliards attendus en 2014, c'est le poids du marché du luxe dans l'économie
mondiale et dont l'Europe tire un large profit. Et on ne parle plus seulement
de la France et de l'Italie, véritables berceaux du savoir faire et de l'art de
vivre. D'autres pays s'imposent à tel point que le Comité Colbert, qui regroupe
les 75 maisons de luxe françaises les plus prestigieuses, vient d'élargir son
panel représentatif à la Hongrie et la République tchèque (célèbre pour son
cristal de Bohème). Les griffes européennes représentent 70% du marché mondial,
en croissance constante : une production européenne de 440 milliards
d'euros (3% du PIB) et qui rapporte aux Etats quelque 110 milliards d'euros de
taxes.

Qui sont nos principaux clients ?

Les marchés émergents jouent pour beaucoup car très
demandeurs de Louis Vuitton, Hermès, Prada, ou autre Gucci. Grâce aux chinois,
indiens, russes et autres brésiliens, les grands noms du luxe made in France et
Italie affichent depuis deux ans des taux de croissance à deux chiffres, bien
loin de la morosité ambiante dans d'autres secteurs de l'économie traditionnelle.
Quelques ilots de consommation demeurent en Europe mais le marché y est devenu
mature... sans parler de l'impact positif sur le tourisme : il suffit de
voir la clientèle étrangère se presser dans les magasins des grands boulevards
parisiens en semaine ou les week-ends.

Mais comment s'explique le succès de cette industrie
française du luxe ?

Par un subtil maillage entre la culture et l'économie. La
culture du raffinement, de la courtoisie et de la littérature du Moyen-âge...
essai transformé aux XVIIème et XVIIIème siècles et que les artisans et
entreprises de tailles moyennes ou plus grandes ont su perpétuer au fil des
siècles. Loin de la réflexion ésotérique, c'est aujourd'hui une réalité
économique : près de 2 million d'emplois en dépendent aujourd'hui en
Europe. La clientèle asiatique aisée apprécie. Elle préfère acheter cher un
produit estampillé France car elle le sait de qualité. Forte de cet argument,
l'industrie du luxe attend des autorités nationales et de Bruxelles, non pas
des subventions, mais un encadrement juridique qui permette d'éviter une fuite
vers les pays à bas coûts de main d'œuvre.

Ce dynamisme cache aussi de nouveaux défis à relever.

Outre la lutte contre la contrefaçon qui est un combat
permanent, les professionnels sont confrontés à la concurrence des pays
émergents mais en terme industriel et non de marques (il n'y a pas encore de
griffe de luxe chinoise ou brésilienne !). La mutation du marché. Les
services de luxe (hôtellerie, voyages, soins du corps) connaissent un taux de croissance
nettement supérieur aux biens de consommation courants (sacs, parfums, vêtements
et autres effets personnels...), et puis, surtout, l'enjeux de la formation.
Alors que le chômage bat des records, il est très difficile aujourd'hui de
recruter des jeunes attirés par ces métiers... c'est peut-être le plus gros
défit : restaurer la fierté de toute une filière industrielle.

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