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Il faut savoir terminer une grève...

Pas de négociation avant la suspension de la grève, a fait savoir hier le ministre du Travail Xavier Bertrand. A la SNCF, les leaders syndicaux sont tentés d’en sortir mais ils rencontrent des résistances de leur base dans les assemblées générales de grévistes. Pourtant est-ce que déjà beaucoup de concessions n’ont pas déjà été faites ?
Article rédigé par franceinfo
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En effet. Avant même l’ouverture de ces négociations en bonne et due forme, les cheminots ont en réalité déjà beaucoup obtenu. Au fil des jours, on leur a promis une série d’amortisseurs pour atténuer les effets de la réforme des régimes spéciaux. D’abord sur ce qu’on appelle la décote, le malus sur le montant de la retraite, qui peut pénaliser ceux qui n’auraient pas cotisé 40 ans. Sa portée a été fortement limitée par le gouvernement juste avant la grève. Ensuite, il y a ce que l’entreprise va mettre sur la table. La SNCF a fait 14 propositions et un « relevé de conclusions » a été signé mardi soir entre la direction et trois syndicats. On peut retenir trois axes : la fin des mises à la retraite d’office dès 50 ou 55 ans, qui empêchait des cheminots de toucher des retraites à taux plein. Deuxième élément : l’augmentation des salaires en fin de carrière. C’est décisif puisque le montant de la retraite se calcule sur les six derniers mois de traitement et ça pourra représenter 5% de plus. Troisième amortisseur : la création d’un compte épargne temps. Il consiste à mettre de côté pendant sa carrière des sommes gagnées sur des heures supplémentaires. L’entreprise abonde la mise et au final, cela peut permettre de s’arrêter plus tôt en continuant à être payé avant de percevoir ses droits à la retraite. Un conducteur de train pourra s’arrêter à 52 ans et demi, au lieu de 50 aujourd’hui. L’effort demandé aujourd’hui : c’est seulement de travailler deux ans et demi de plus. Mais par rapport à beaucoup de Français, il s’agit bien d’un régime qui restera spécial.

Dans ces conditions, pourquoi ne sort-on pas du conflit très rapidement ?

Il faut se souvenir qu’en 95, l’appui de la CFDT à la réforme Juppé lui a valu la création de Sud Rail qui pèse aujourd’hui 15% chez les cheminots. Même chose en 2003, où son ralliement à la réforme Fillon a provoqué une fuite importante d’adhérents. CGT et CFDT sont donc tiraillées entre leur volonté de tirer partie de la négociation et le risque d’être affaibli au profit des syndicats plus radicaux. Mais on atteint les limites de cette prudence. Avec les concessions faites, la poursuite du mouvement créé une fracture profonde avec les Français, de plus en plus exaspérés. En interne aussi, une majorité de salariés sont favorables à la négociation. Et si le taux de gréviste diminue encore sensiblement aujourd’hui, les syndicats ne seront plus en position de force quand ils se mettront autour de la table. Il est temps pour eux de reprendre le mot du communiste Maurice Thorez en 1936 : "Il faut savoir terminer une grève".

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