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Grèves : et si l'on en sortait par le haut...

La France pourra-t-elle échapper à une grève longue ? Difficile de répondre à cette question ce matin mais un pas plutôt positif avec le geste de la CGT d’accepter des négociations par entreprise. Alors Emmanuel, est-ce que le mouvement tel qu’il commence ressemble ou non aux conflits longs qu’on a connu dans le passé ?
Article rédigé par franceinfo
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Ceux qui croient à la loi des séries diront que la France subit chaque décennie une crise de cette ampleur. En 86, le mouvement démarre sur un changement des gilles de salaire à la SNCF et s’étend de la mi-décembre à la mi-janvier. En 95, les grèves contre le plan Juppé durent du 15 novembre au 19 décembre. Dans ces deux précédents, la protestation se double aussi d’une mobilisation étudiante. Et dans ces deux situations, la paralysie prolongée des transports fait faire marche arrière aux gouvernements. Ces spectres se profilent-ils à nouveau ? Pas forcément. Premier indicateur important : l’ouverture faite par la CGT. C’est sans doute la première fois dans l’histoire sociale récente qu’une avancée survient juste avant le déclenchement d’un conflit, alors qu’en principe, pendant les veillées d’arme, chacun campe sur ses positions. Il n’y a jamais eu cette fois de rupture de contact entre les syndicats et le gouvernement.
Le deuxième indicateur c’est évidemment l’opinion : en 95, les salariés du privé soutiennent un mouvement qui leur permet de tenir une sorte de revanche. Car ils viennent d’encaisser l’allongement de la durée de cotisation à 40 ans, entérinée deux ans avant par un décret Balladur, pris sans concertation en plein mois d’août. En 2007, on en est au contraire à l’aboutissement d’un processus : les salariés des régimes spéciaux sont les derniers à ne pas être passé aux 40 ans. Dans ces conditions, même si les choses peuvent toujours bouger, leur mouvement a beaucoup plus de mal à embrayer dans le reste de la population.

La grève sera quand même très suivie, peut être reconduite. Quels pourraient être les axes d’un compromis pour sortir de la crise ?

Une fois admis le point non négociable – le passage aux 40 ans - il y a deux éléments à partir desquels peut se dessiner une sortie de conflit : les salaires et la prise en compte de la pénibilité, de la dureté réelle de certains métiers. Sur les salaires, la SNCF a indiqué qu’elle a quelques dizaines de millions à mettre sur la table. Même si elle doit investir pour se préparer à la concurrence sur les lignes internationales dans deux ans, ses résultats financiers pour 2007, présentés comme les meilleurs de son histoire, lui donnent de l’oxygène. L’effort pourrait porter sur les fins de carrière, déterminant pour le calcul des pensions. Pour la pénibilité, le cadre fixé par le gouvernement laisse la place à des avantages négociés, mais plus largement la question se pose pour tous les salariés. L’espérance de vie d’un cadre de 60 ans est d’au moins cinq ans supérieure à celle d’un ouvrier du bâtiment du même âge. Cette aspect a été jusqu’à présent laissé de côté dans la réforme des retraites. Si les syndicats l’imposent fortement dans la discussion à l’occasion du conflit d’aujourd’hui, ils seront sur ce point rejoints par l’ensemble des Français.

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