Europe, une rentrée sur les chapeaux de roues
L'issue de la crise est encore lointaine, mais les ministres des finances de l'Eurogroupe qui se réunissent aujourd'hui à Nicosie, sur l'île de Chypre, se féliciteront de cette "rentrée" européenne sur les chapeaux de roue. Mercredi, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe en Allemagne a donné son feu vert à la mise en place du MES, le Mécanisme Européen de Stabilité. Berlin va pouvoir contribuer à ce fonds à hauteur de 190 milliards d'euros sur les 700 prévus au final, à condition de respecter des règles très strictes. Mercredi toujours, comme en écho au vote allemand, les élections législatives aux Pays-Bas (Royaume fondateur de l'Europe) ont vu la victoire des libéraux pro-européen au dépend de l'extrême droite europhobe. Le Président du Conseil européen Herman Van Rumpuy a saisi la balle au bond. Le moment était mûr pour relancer le débat sur le renforcement de l'Union économique et monétaire.
Le Président de l'Europe a de nouveau insisté hier sur la création d'un budget central, unique*
Avec la possibilité d'émettre de la dette en commun. C'est clairement le fédéralisme auquel s'oppose l'Allemagne. Ce ''budget central'' pour la zone euro, on en parlera dès la semaine prochaine avec les consultations lancées par Monsieur Van Rumpuy. Ce moment sera particulièrement important car il ouvrira la porte au traitement rapide de trois autres dossiers : l'union bancaire, l'union fiscale et, in fine, l'union politique. Certes, tout ne se fera pas en un jour, mais on y verra certainement plus clair sur la stratégie économique poursuivie, et il sera intéressant de voir comment évolue l'équilibre entre l'Allemagne et ses principaux partenaires que sont la France, l'Italie et l'Espagne.
Avec, notamment, un contrôle renforcé du système bancaire
Les 6000 banques de la zone euro sous le houlette de la BCE. Il faudra négocier durement avec Berlin mais rien n'est perdu d'avance. Au contraire. Avec le vote de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe mercredi, l'Allemagne nous a donné une belle leçon de démocratie : pas de manifestation hostile de l'opinion dans les rues. Simplement quelques dizaines de milliers de plaintes d'Allemands mécontents de devoir céder un peu de leur souveraineté. Saisis de ces nombreux recours, les juges en toque et toge rouges ont tranché. Oui, l'Allemagne devra aider ses partenaires. Dont acte ! En cette rentrée 2012, la construction européenne semble bien avoir franchi un pas. Cette Europe dont le Président de la République François Hollande n'a pas prononcé une seule fois le nom lors de sa dernière intervention télévisée. Pourtant, qu'on le veuille ou non, c'est de l'Europe que naîtront un jour notre politique fiscale, notre politique de solidarité, notre politique de compétitivité. Bref, notre politique de croissance.
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