Cet article date de plus de dix ans.

Coup de froid sur le médicament français

Les laboratoires Pierre Fabre restructurent leur branche pharmacie et s'apprêtent à licencier 550 personnes en France. Ce plan baptisé "Trajectoire 2018" touchera 8% des effectifs de l'hexagone, avec la volonté de limiter au maximum les départs contraints.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Médicaments en vrac © Maxppp)

Pierre Fabre est le troisième groupe pharmaceutique français derrière Sanofi et Servier, avec 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 10.000 salariés répartis dans un peu plus de 40 pays.

L'entreprise souffre de la perte de compétitivité de sa branche pharmacie, en déséquilibre avec les résultats de la branche dermo-cosmétique qui, elle, connaît une croissance soutenue. Il faut rééquilibrer l'ensemble d'où le plan de restructuration.

 

Que se passe-t-il dans la branche pharmacie ?

 

Il y a deux faiblesses particulières : une branche recherche et développement insuffisamment productive, et une importante perte d'activité en France.

En ce qui concerne la R&D, pour chaque million investi, les laboratoires Pierre Fabre emploient plus de 5 chercheurs là où les concurrents n'en comptent pas plus de 3 ou 4, voire moins.

Quant à l'activité en France, l’entreprise commercialise beaucoup de produits dits "mûrs" qu'il faut renouveler pour assurer l'avenir. Or, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, l'effort demandé par le gouvernement sur les prix de vente concerne justement les médicaments "mûrs". Le manque à gagner peut atteindre 150 à 200 millions d'euros selon les sites de l'entreprise. C'est énorme.

 

Un problème général qui touche toute la filière

 

Nous sommes en train d'assister à une double mutation : celle d'un secteur très lobbyiste, qui a toujours su défendre ses intérêts, mais qui est aujourd'hui contraint de revoir sa stratégie face à la révision des politiques publiques de santé. Deuxième élément : l'évolution de pathologies et l'apparition de nouvelles thérapies liées, entre autres, au vieillissement de la population.

Enfin, autre enjeu, qui concerne aussi les autorités de santé : comment relocaliser en France la fabrication des principes actifs qui interviennent dans la conception des médicaments. Ces éléments sont aujourd'hui fabriqués à 80% en dehors de l'Europe, pour l'essentiel en Chine et en Inde. Une telle relocalisation demanderait un gros effort que les labos ne pourraient assurer à eux seuls.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.