Cet article date de plus d'onze ans.

Budget français : nouveau coup de semonce de Bruxelles

Bruxelles a communiqué hier ses prévisions de croissance pour l'Union européenne. Elle confirme que la France évitera la récession cette année mais se montre très sévère sur la trajectoire prise par les finances publiques.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ni l'Elysée, ni Matignon n'avaient besoin de cela, entre la profonde grogne sociale qui traverse le pays et l'Ecotaxe qui cristallise le raz le bol fiscal général. C'est une belle épine que la Commission européenne vient d'enfoncer dans le pied du gouvernement. Le coup de semonce est tel que les deux principaux locataires de Bercy ont immédiatement réagi : le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a promis de tenir ses engagements en matière de déficits fin 2015. Pour le ministre du Budget Bernard Cazeneuve, la France fera plus d'économies si nécessaire. Le message a été entendu mais la remontée de bretelles n'est pas du meilleur effet.


Que dit la Commission européenne ?*

Elle valide le scénario de reprise de l'économie française prévue par le Gouvernement - il y avait longtemps que cela ne s'était pas produit - (croissance de 0.2% en 2013 ; 0.9% en 2014 et 1,7 en 2015), mais elle estime que nous ne parviendrons pas à ramener nos déficits en dessous des 3% de la richesse nationale comme on s'y est engagé pour fin 2015 (d'après Bruxelles, on sera à 3,7%). En clair : Paris ne met pas à profit le délai supplémentaire accordé par l'Europe pour redresser ses comptes.

Il va falloir changer de braquet

Le gouvernement va surtout devoir se résigner à faire de vraies économies. Il ne peut plus se contenter de l'artifice comptable qui consiste à présenter une baisse des dépenses dans le budget 2014 (les fameux 15 milliards d'euros d'économies) alors qu'il s'agit en réalité d'un ralentissement de la hausse des dépenses. Cela veut signifie probablement une loi de finance rectificative dès l'an prochain.

Le gouvernement a-t-il encore, au moins, une marge de manœuvre ?

Il y en a toujours. Mais faute de s'y être réellement attaqué plus tôt - tout comme le gouvernement précédent d'ailleurs - le paquebot a repris la mer avec sa lourde cargaison. Il y a les leviers que représentent les trois étages de la fusée : l'assurance maladie, les retraites et les collectivités locales.
Sur les 2 premiers points, les récentes réformes ont certainement manque de courage. Quant aux collectivités locales (avec notamment la réduction du coûteux mille feuilles administratif), le dossier a pris du retard.
Enfin, il y a d'autres sujets plus sensibles comme les effectifs de la fonction publique. Une annexe du budget 2014 nous apprend que les effectifs des 38 cabinets ministériels ont gonflé de 7,5% depuis 2012 malgré l'engagement pris par le Chef de l'Etat de ne pas les augmenter.
Quoi qu'en pensent et qu'en disent Messieurs Moscovici et Cazeneuve, la France a pris hier un sérieux avertissement. Prochaine étape : jeudi 15 novembre, dans une semaine. La Commission de Bruxelles se prononcera sur les budgets nationaux et, en vertu de nouvelles prérogatives, pourra exiger des modifications si elle estime que les documents ne sont pas conformes aux objectifs.
Après le coup de semonce, Paris pourrait prendre un coup de règle sur les doigts.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.