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Arcelor-Mittal : le nouveau coup de chaud

Arcelor-Mittal est de nouveau dans l’œil du cyclone. Le groupe sidérurgique, devenu tristement célèbre après l’épisode Florange (Moselle), rencontre de nouvelles difficultés et doit encore serrer la vis
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Arcelor-Mittal © Maxppp)

Le patron indien du groupe, Lakshmi Mittal, n’est pas à la fête. Il ne faut jamais se réjouir du malheur des autres mais cette annonce d’un Arcelor-Mittal dans la panade doit susciter quelques sourires vengeurs du côté de Florange ; ou apporter de l’eau au moulin de ceux qui affirment haut et fort que sidérurgiste est décidément un métier bien compliqué par les temps qui courent. La situation est si urgente que le groupe a dû avancer de quelques jours l’annonce de ses résultats 2015 : une perte de 8 milliards d’euros contre un peu plus d’1 milliard en 2014. Sur un an, la chute est vertigineuse.

 

Pourquoi les résultats d’Arcelor-Mittal se sont dégradés si rapidement ?

 

Arcelor-Mittal est comme toutes les autres multinationales industrielles qui se prennent de plein fouet la baisse du prix des matières premières et, surtout, le sur-place et la concurrence de l’économie chinoise. Pour les pétroliers (Total, etc…) et les parapétroliers, comme Vallourec qui fabrique des tubes sans soudures pour les l’exploration/extraction, c’est la chute des cours du brut qui pèse sur les comptes et l’activité. Dans le cas d’Arcelor-Mittal, le problème vient essentiellement de la Chine. L’Empire du Milieu étant le premier producteur mondial d’acier, dans le contexte de ralentissement actuel, le pays alimente sa propre industrie sans aller s’approvisionner à l’extérieur. Jusque-là rien de plus normal. Le plus gênant est que l’acier que la Chine exporte, elle l’exporte à des prix cassés. Ce qui met les autres aciéristes en difficultés car les coûts de productions ailleurs dans le monde sont bien plus élevés.

 

Comment va réagir Arcelor-Mittal ? 

 

Le groupe n’a d’autre choix que de réduire encore ses coûts, ses investissements, et céder des actifs. En France, le citron a été pressé à Florange, Mittal va maintenant regarder du côté de ses usines en Italie et en Espagne. Le groupe prévoit également de procéder à une augmentation de capital de trois milliards d’euros. Aujourd’hui, Arcelor-Mittal est endetté à hauteur de seize milliards d’euros. Avec tous ces ''efforts'', le groupe espère – au mieux – réduire cette dette à douze milliards.

 

Cautère sur jambe de bois

 

La situation est très difficile et 2016 ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. L’une des armes de Mittal est d’en appeler à l’Europe pour ouvrir de nouvelles procédures d’infraction à l’encontre des produits d’acier fabriqués en Chine. Il doit ouvrir ce mois-ci trois nouvelles procédures pour infraction aux règles de la concurrence. Mais qu’en fera Pékin conscient que, sans elle, l’économie monde ne peut pas tourner ? C’est tout le paradoxe de la mondialisation de l’économie présentée à l’opinion comme source de croissance. Celle-ci se gagne à coup de procédures violentes. On pourrait se demander ce que serait cette guerre de tranchée sans les juges de paix que sont l’Europe et l’OMC qui veillent au grain tant bien que mal.

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