Cet article date de plus de douze ans.

Accord sur la dette grecque : l'euro sort grand vainqueur

Près de 86% des créanciers privés de la Grèce ont donc accepté hier soir de répondre présents au plan de restructuration de la dette. Athènes pousse un "ouf" de soulagement mais le pays est-il pour autant sorti d’affaire ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Non. Certes, les banques commerciales et fonds de pension ont fait hier soir un cadeau de plus de 100 milliards d'euros à la Grèce en s’asseyant sur une partie de l’argent qu’ils avaient prêté... on y ajoutera 130 milliards qui seront bientôt débloqués dans le cadre du deuxième plan d’aide. Un très beau cadeau qui rallonge l'espérance de vie du pays d'environ deux ans mais qui ne règle rien sur le plan structurel. Et ce, pour trois raisons : 1/ les grecs vont devoir continuer à se serrer fortement la ceinture pour réduire les dépenses publiques. 2/ Les 230 milliards dont on parle vont servir à combler une partie seulement du trou abyssal creusé, non pas par le peuple, mais par l’inconséquence des politiques grecs que l’Europe, il faut le reconnaître, a laisser faire. 3/ L’ardoise effacée hier soir n’est pas de l’argent investi dans la relance économique du pays. Donc cadeau oui… réponse structurelle à la crise : certainement pas. S'il y a un réel gagnant dans cette affaire, c'est l'euro qui aurait beaucoup souffert d'un échec de l'opération.

Cela fait quand-même beaucoup d’argent placé dans un puits sans fond… le sujet créé d'ailleurs la polémique jusque chez les banquiers centraux.

Et cette polémique risque d’enfler. Dans une lettre adressée au Pdt de la Banque Centrale Européenne Mario Dragui (et qui a fuité), le patron de la Bundesbank s'inquiète de l’accumulation des risques financiers pris par la BCE dont le bilan atteint 3.000 milliards d’euros (le montant des liquidités mises en circulation depuis 2007 avec la planche à billets). La Bundesbank (actionnaire principal de la BCE) s’inquiète aussi des dettes contractées par les banques centrales nationales de la zone euro. Autant de participations qui pourraient se transformer en pertes si certains pays comme l’Espagne ou le Portugal venaient à faire défaut.


Et ce risque est-il réel ? *

On voit mal la communauté financière internationale laisser exploser le système. Ce ne serait dans l’intérêt de personne… pas même celui des Etats-Unis… donc le Fonds Monétaire International ne sera jamais très loin pour jouer les pompiers le cas échéant. Mais c’est vrai, il y a aujourd’hui un sérieux déséquilibre financier entre les banques centrales nationales des pays du Nord de l’Europe et celles des pays du Sud (des centaines de milliards d'euros sont en jeu). Le Président de la Bundesbank veut, ce que l’on appelle en termes techniques, « collatéraliser les positions » (c’est à dire mettre en place des garanties pour éviter que la cocote minute n’explose). Cela n’est pas bon signe car c’est la procédure prévue pour faire face à l’éventuelle sortie d’un pays de la zone euro.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.