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Tout euro, tout éco. Macron et l'Europe

Il ne suffit pas de faire retentir l’hymne européen le soir de son élection pour mettre toute l’Europe dans sa poche.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron, dernier meeting à Albi, le 5 mai 2017 (ALAIN PITTON / NURPHOTO)

Il ne suffit pas de faire retentir l’hymne européen le soir de son élection pour mettre toute l’Europe dans sa poche. Le nouveau président français a devant lui au sein de l’Union autant d’adversaires et de problèmes qu’en France, à commencer par sa représentativité au sein du Parlement.

A quel groupe parlementaire européen va se rattacher le mouvement "En Marche !" ?

Mouvement devenu au lendemain de l'élection, "La République en marche".
Une seule réponse pour l’instant, en attendant les ralliements et les européennes. "En Marche !" devrait être représenté au sein des libéraux de l’ALDE, dont 6 des 7 députés français ont rejoint le mouvement comme Sylvie Goulard, du Modem, ou encore Jean Arthuis, ex UDI. C’est aussi le groupe du belge Guy Verhofstadt, l’homme qui suit les négociations du Brexit pour le Parlement.

Autant dire que 6 députés "En Marche !" dans un groupe qui représente moins de 10 % des eurodéputés, ne pèsent guère dans la balance. En revanche, l’ALDE peut créer des alliances et faire basculer des positions. Mais sa marge de manœuvre est très limitée.

Pas forcément simple avec l'Allemagne

Pour Angela Merkel, Emmanuel Macron est, certes, celui qui a permis d’éviter l’éclatement de l’Europe sous les coups de boutoir du FN, mais ça ne suffira pas. L’Allemagne voudra d’abord jauger le poids de la majorité et de la marge de manœuvre du nouveau président. Avec, en filigrane, bon nombre de dossiers sur lesquels il y a des divergences.

A commencer par la restructuration de la dette grecque par exemple, dont l’Allemagne ne veut pas, et que Macron veut tenter d’obtenir. Il prône un ministre des finances, un gouvernement, mais surtout un budget de l’Eurozone et le retour des Eurobonds, c’est-à-dire de la mutualisation de la dette dont le contrôle échapperait au Bundestag. Impossible car le Parlement est le garant du budget allemand.

Et ces positions embarrassent aussi une Angela Merkel en pleine campagne électorale, d’autant que certaines sont partagées par son adversaire politique du SPD. Avant de réformer l’Europe, dit-on dans son camp, que la France se réforme elle-même. La crainte du retour de l’arrogance française se fait déjà sentir.

L’Italie et la Commission dans la poche ?

L’équipe Renzi attend son retour au pouvoir avec l’idée qu’il faut une Europe où l’austérité ne soit pas la seule politique comme le défendait l’ancien ministre italien des affaires européennes, Sandro Gozzi. Et le Parti démocrate de Renzi veut aussi refonder l’Europe. 

Macron aura en tout cas l’œil bienveillant de Bruxelles, avec une Commission qui se préocupe depuis peu, de contrer les effets néfastes de la mondialisation, bien que chaque milliard exporté crée pourtant 14 000 emplois supplémentaires.
Mais Macron aura à faire face à une fracture entre une Europe de l’Ouest ouverte et une Europe de l’Est plus que rempliée sur elle-même.

Car à l’Est, plus que l’austérité, c’est l’insécurité face à l’ours russe dont on veut se protéger. Macron veut mettre en place dans chaque pays des conventions démocratiques pour redéfinir le projet européen. Avec quelles alliances et pour quelle Europe ? Tout est à écrire et le costume de sauveur de l’Union ne sera pas forcément le plus facile à endosser.

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