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Tout euro, tout éco. Investissement, le paradoxe allemand

L’Allemagne qui vote ce dimanche 24 septembre pour les élections législatives est une Allemagne riche avec plus de 250 milliards d’euros dans les caisses de l’État, mais aussi une Allemagne dont les infrastructures tombent en ruines.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Image d'illustration. L'Allemagne a besoin de grands travaux.  (MAXPPP)

Avec la réélection quasi certaine d’Angela Merkel demain dimanche 24 septembre, pour un quatrième mandat, l’Allemagne va-t-elle enfin ouvrir son porte-monnaie ?Une Allemagne riche, avec plus de 250 milliards d’euros dans les caisses de l’État, mais aussi une Allemagne dont les infrastructures tombent en ruines.

Investir, ça voudrait dire changer de politique économique ?

L’Allemagne va-t-elle jeter son bonnet par-dessus les moulins et en finir avec sa politique de rigueur, comme le réclament tant les pays du sud et la France ?  Pas sûr. Tout dépendra de celui qui tiendra les cordons de la bourse dans le nouveau gouvernement et on ne sera pas fixé avant deux mois.

Schäuble, l’actuel ministre des Finances, personnifie la rigueur et il est l’inventeur du Schwarz null, le zéro déficit. Va-t-il rester en poste, c’est toute la question. En tout cas, les Allemands se plaignent de leurs infrastructures qui auraient bien besoin d’un coup de neuf. En gros, trop d’épargne tue l’épargne. Et il n’y a pas que les Allemands pour se plaindre, les autres européens aussi ….      

Des ponts, des routes en mauvais état, des écoles délabrées dans un pays riche, c’est un paradoxe

Oui, si l’Est a été entièrement rénové à grands coups d’impôt de solidarité, c’est aujourd’hui surtout l’Ouest qui souffre, comme par exemple ce pont de Düsseldorf fermé à la circulation pour cause de dangerosité.
20% des autoroutes, 41% des nationales, 46% des ponts dont certains ne sont plus praticables, et ont besoin de rénovation. Les écoles se délabrent, les crèches manquent toujours, malgré le coup de pouce de ces dernières années. Le numérique est à la traîne et pour transporter les énergies renouvelables produites au Nord vers le Sud du pays, où se trouvent les entreprises, les réseaux manquent aussi.

90% de l’investissement est privé, et les petites et moyennes entreprises, elles aussi, sont trop frileuses. Un manque d’investissement dû aux années de crise que l’économiste Marcel Fratzscher résume dans un livre L’illusion allemandeet que le Spiegel appelait la "Ruine-Allemagne".      

Et si l’Allemagne se décidait enfin à investir, ce sera donc aussi bon pour l’Europe

Ce sera d’abord bon pour les Allemands mais effectivement, bon aussi pour l’Europe, car il y aura des marchés à prendre et des chantiers à assurer. Merkel a déjà annoncé 13 milliards d’investissements, et la construction de plus d’un million de logements dans les années à venir, mais ça ne sera pas encore suffisant.

En tout cas, cette relance de l’investissement en Allemagne signifierait aussi une relance en Europe, dans un contexte où, déjà, la croissance repart. Une relance dont l’Union a bien besoin, car elle vieillit et perd du terrain, notamment face aux émergeants. L‘Allemagne a profité de l’euro, elle a aussi gagné plus d’un milliard d’euros en prêtant de l’argent à la Grèce, le temps est venu de renvoyer l’ascenseur, le temps de penser à son intérêt national, mais aussi de dire merci. C’est le moment, Mme Merkel.      

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