Ibrahim Maalouf : "Les gens intellectualisent beaucoup trop la musique"
A seulement 33 ans, il est connu dans le monde entier. A chaque concert, il change de style. "J’essaie dans ma musique d’être le plus sincère possible. Ayant moi-même une double culture, j’ai des accents et c’est ceux-là que l’on entend parfois un peu de jazz, parfois un peu d’orient, de rock, de hard rock. Je sors complètement des sentiers battus. Les gens intellectualisent beaucoup trop la musique. C’est quelque chose d’animal, d’instinctif. "
Ses parents sont musiciens tous les deux : son père est trompettiste, c’est lui qui a inventé la trompette à 4 pistons, qui permet de jouer les 1/4 de tons de la musique orientale et sa mère est pianiste. C’est elle qui lui a appris le piano en autodidacte. "Elle a eu l’intelligence de me laisser faire ce que j’avais envie sur le piano. Jamais, ma mère, jamais une seule fois elle n’est venue me dire ce n’est pas comme cela. Elle m’a laissé faire tout ce que j’avais envie de faire. C’est sa présence passive, ses encouragements, que je trouvais vraiment génial. "
Son enfance et la musique
Ses parents sont libanais. Sa mère a accouché pendant la guerre dans un hôpital dont l’aile était détruite. "Pendant qu’elle accouchait il y avait des bombardements. C’est la guerre. " Son père décide de s’exiler en France avec sa famille le temps que la paix revienne au Liban mais la paix ne revient pas. Pourtant, il interdit à sa famille de parler français à la maison. "Il m’a permis de garder un lien fort avec ma culture d’origine, et je parle aujourd’hui plus ou moins couramment le libanais. On écoutait la radio et la télé en français, mon on parlait arabe. J’en veux beaucoup à mon père d’avoir fait cela, mais en même temps je le comprends. "
A l’origine Ibrahim Maalouf ne voulait pas faire de la musique sa profession. Il voulait être architecte et reconstruire Beyrouth à la façon des Etats-Unis. "Les tours jumelles me fascinaient. Le 11 septembre 2001 cela a été un choc. J’avais prévu de faire un concours en mars 2002 et je m’étais préparé pendant un an et demi. J’avais commencé mes études de trompette mais j’étais encore tenté par l’architecture. Comme il y avait un concours à Washington, je m’étais dit je vais aller voir les tours jumelles. Je suis allé passer mon concours, je l’ai gagné, je suis allé à New York et cela a été un choc. Je suis revenu en me disant j’ai gagné le concours et les tours jumelles n’existent plus. C’était un signe. "
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.