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Si j'étais... Valéry Giscard d'Estaing

Valéry Giscard d'Estaing a fêté le 2 février ses 91 ans. Karl Zéro s'est mis dans la peau de l'homme de l'ancien président de la République.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la République vote pour le premier tour de la primaire à droite à Paris, le 20 novembre 2016. (MARTIN BUREAU / AFP)

Si j’étais Valéry Giscard d’Estaing, je le dis pour les plus jeunes, je ne serais pas mort : j’aurais fêté mes 91 ans il y a quelques jours, entouré d’Anne-Aymone ma charmante épouse, et d’une ribambelle criarde constituée de nos innombrables enfants, les grands, les petits et les arrière-petits. Je suis désormais le président français ayant vécu le plus longtemps ! Je m’honore de pulvériser le record de mon prédécesseur Émile Loubet, septième président de la IIIe République que j’ai bien connu et qui fut emporté par un mauvais rhume le 20 décembre 1929, à l’âge de 90 ans, onze mois et 20 jours. Paix à son âme. Personne ne se souvient de lui, c’était une brêle, alors que moi, VGE, je suis toujours là et plus que jamais à la manœuvre !

Prenez Fillon. Je ne le portais pas dans mon cœur. Il est sinistre et de plus c’est un gaulliste. Moi, j’étais un libéral avancé, lui c’est un libéral à reculons. N’empêche, ce Landru du Mans a conquis mon cœur en sortant grandi de son affrontement avec le Canard enchaîné. Dois-je rappeler que je dois ma cruelle défaite de 1981 à la pseudo affaire dite des diamants de Bokassa, lancée par le même Canard enchaîné, déjà au service de la gauche ? Tout ça pour une pauvre petite plaquette de diamants de 30 carats offerte par l’ami Jean-Bédel. Quand l’affaire Penelope a éclaté, Fillon m’a appelé. En larmes. C’est moi VGE qu’il a voulu joindre en premier. Je lui ai dit : "François, tenez-bon". Il n’a rien lâché, il n’a pas plié.

Ma photo en poster aux côtés des Rubettes

Bayrou aussi m’a appelé, avant d’annoncer son soutien à Macron. Il m’admire depuis toujours. Que dis-je, il m’adule ! Adolescent il avait mon poster dans sa chambre, aux côtés de celui des Rubettes, je suis son modèle vivant, au pâtre du Béarn. Sauf que moi, j’ai été élu et lui, jamais. À la vérité, je ne l’apprécie guère plus que Fillon. Mais il m’a touché. Il pleurait, lui aussi, il sanglotait : "Président, je suis profondément un traître, non ? Je vais vendre ce qui reste de notre glorieuse UDF à ce candidat sans programme qui réfute le système tout en l’incarnant."

"Va en paix mon petit François et ne pèche plus ! lui ai-je dit. Tu commets une erreur, certes dramatique, mais à ton âge, as-tu un autre choix ? Toute ta génération vient de dégager, tu n’incarnes plus rien, donc joue ton va-tout !"

Je suis le rock n' roll

Et Macron, qui a tout pompé sur moi ? Vous ne pensez pas que je suis un peu derrière lui ? Enfin, je me comprend. Ce garçon, très charismatique au demeurant, vif, intelligent, caméléon, qui sort de nulle part, qui incarne une nouvelle façon de faire de la politique et veut gouverner au centre pour deux Français sur trois, ça ne vous rappelle rien ? Non, visiblement. Eh ben c’est moi, en 1974. Macron le sait, lui, car il m’a appelé. Pas plus tard que cette nuit ! Il pleurait, il ne trouvait pas le sommeil. Il parlait à voix basse, pour ne pas réveiller son épouse, Brigitte. "Président Giscard, quel a été votre secret pour conquérir l’Elysée, et briser le destin de Chaban Delmas?"  J’étais rock, lui ai-je dit. Rock n’roll comme Guillaume Canet et son épouse ! Soyez rock et vous gagnerez, comme moi. Je lui ai dit ne bougez pas, j’ai branché mon vieux Teppaz et je lui fait écouter le VGE rock !

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