Cet article date de plus de dix ans.

Que deviennent des "enfants sauvages"?

"Savoir Etre" revient cette semaine sur la découverte, il y a quelques semaines, de ces quatre enfants vivants reclus dans un appartement de la Courneuve.
Article rédigé par Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

Un
nourrisson et trois garçons de moins de 6 ans vivaient comme de véritables
"enfants sauvages" dans une cité de la Courneuve ; leurs parents les avaient
soustraits de tout contact avec l'extérieur. Pas de soins, pas de vaccinations,
pas d'école... Plusieurs d'entre vous nous ont fait part de leur stupéfaction et
voudraient comprendre ce que l'avenir peut réserver à des enfants dont la vie a
bien mal commencé. L'avis de la psychanalyste Claude Halmos.

"C'est important
de revenir sur ce drame,
souligne Claude Halmos, car il montre qu'un petit humain, pour se développer, n'a pas seulement besoin
de nourriture, d'air et d'eau, il a besoin d'humanité. Ça veut dire qu'il a
besoin de vivre dans une famille, la sienne ou une autre, qui soit une famille
humanisante, c'est-à-dire si c'est une famille humanisée, une famille où il y a
de la parole, et où on parle à l'enfant, si on a pour lui des sentiments
humanisés, c'est-à-dire bien sûr un attachement, si on l'aime, mais aussi un
respect de sa personne, un respect qui est dû justement au fait que cet enfant
est un être humain et pas une chose, et troisième point si on respecte dans
cette famille les interdits qui caractérisent les sociétés humaines : l'interdit
du meurtre et celui de l'inceste bien sûr, mais aussi l'interdit de faire d'un
autre sa propriété, un être humain ne peut pas être la propriété d'un autre,
donc un enfant ne peut pas être pour ses parents un objet qu'ils posséderaient
et dont ils pourraient faire ce qu'ils veulent.
"

Et si un enfant n'a pas tout ça, il se passe quoi ?

"S'il est nourri
et soigné convenablement,
poursuit la psychanalyste, son corps peut éventuellement se développer, mais
encore, pas en totalité, parce que pour développer sa motricité par exemple, un
enfant a besoin à la fois réellement et psychologiquement d'un
autre, mais le psychisme ne se développe pas, c'est-à-dire que ce qui fait l'humain
ne se développe pas, et ce qui fait l'humain, c'est la pensée, la parole, et la
capacité à éprouver des sentiments humains
.

Un enfant qui a vécu tout ça peut-il se reconstruire ?

"C'est très difficile,
il faut un accompagnement dans la vie réelle et un accompagnement psychologique
quasiment permanent, c'est-à-dire qu'il ne suffit en aucun cas de mettre cet
enfant dans une famille d'accueil en se disant que dans un milieu normal, il va
se développer normalement, ça ne marche pas, et puis surtout il faut savoir que
certains enfants ne pourront pas se reconstruire parce qu'ils ont été trop
détruits. Et si on acceptait de regarder en face cette vérité véritablement
dramatique, et bien on serait surement plus vigilant sur la question de la
protection de l'enfance ",
conclut Claude Halmos.**

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