Nous sommes dans le quartier de la Meinau à Strasbourg, à quelques jours seulement du premier tour de la présidentielle de 2002. François Bayrou est venu parler sécurité, quand soudain, alors qu’il discute avec des jeunes du quartier, il dit : "Tu ne me fais pas les poches !".Le candidat centriste vient bel et bien de coller une taloche à un jeune qu’il accuse de lui faire les poches. Un geste fou qui a glacé les équipes de François Bayrou, comme s'en souvient aujourd'hui Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale.On a eu très, très peur, parce qu'il n'y a rien de pire normalement pour un homme politique que de se montrer violent. Mais on s'est dit : il va s'effondrer, et ça va être la fin de sa carrière politique…Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l'Assemblée nationaleEt la carrière de François Bayrou ne s’est pas arrêtée net cet après-midi là, c’est même tout le contraire, explique Patrick Mignola : "Et en fait, l'effet a été complètement inverse dans l'opinion publique. La réaction des femmes et des hommes que je pouvais croiser dans la rue, c'est que, il y avait ce réflexe de : "Ça ne se fait pas". Et au fond, je crois que les Françaises et les Français reconnaissaient à Bayrou que finalement, c'était quelqu'un qui avait des principes. Il y a des choses qui se font, et des choses qui ne se font pas. Tu me fais les poches, tu prends une claque." C’est donc un François Bayrou 2.0 qui ressort de cette séquence gifle, ce que confirme Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP : "Y avait le sentiment qu'il y avait un déclin d'autorité de l'Etat, des repères qui se perdaient, et c'est vrai que de ce point de vue-là, la gifle avait montré une certaine forme d'autorité, lui qu'on caricaturait de manière un peu molle, après cet événement, son socle électoral a progressé. Il était à 4/5, il est passé à 7, 8 à 9."Mais tout ça, c’était il y a presque 20 ans. Est-ce qu’un candidat à la présidence de la République pourrait gifler un enfant de 11 ans aujourd’hui ? Pas sûr, à en croire Frédéric Dabi.À l'époque, cette claque de vie de campagne, c'était tout à fait nouveau. Ça a plu pour le côté frais. Dans le contexte actuel de tensions terribles, je doute que ce soit perçu de manière aussi positive. Ça sera vu une fois de plus comme une déliquescence du champ politique.Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOPAutorité contre déliquescence du politique, les temps ont bel et bien changé !