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Regard sur l'info. Sommes-nous dans une civilisation du cocon ?

Thomas Snégaroff, en cette semaine de ruée sur les terrasses, reçoit un auteur qui nous voit plutôt au coeur de "La civilisation du cocon". C'est le titre de son livre paru cette année aux éditions Arkhê. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le repli sur soi et l'entre soi, comme dans un cocon ? (Illustration) (PAUL BIRIS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

"Regard sur l'info" aujourd'hui avec le journaliste Vincent Cocquebert qui vient de publier un ouvrage intitulé : La civilisation du cocon, pour en finir avec la tentation du repli sur soi, paru en mars 2021 aux éditions Arkhê. 

franceinfo : Vincent Cocquebert, la "civilisation du cocon", c’est quoi ? 

 

Vincent Cocquebert : C’est un moment historique entamé dans les années 1980 qui nous pousse à une quête de confort, de sécurité et d’entre soi. Les classes populaires ont d'abord réinventé ce retour sur soi avec le pavillon, la cabane au fond du jardin…C’est aussi le début de la folie du jardinage.

Cette aspiration au repli domestique s’est intensifié et a pu devenir désirable, grâce à la numérisation qui a permis la domiciliation de tout : la culture, la consommation, le travail, les relations sociales. C’est une micro-sécession, on faire venir le monde à nous et non chercher à le conquérir… 

 

Et la ruée sur les terrasses, ce n'est pas le mouvement inverse ? 

 

Une époque c’est des mouvements contradictoires. Mais un sondage a montré que plus de 70% de la population ne va que très rarement dans ces lieux-là. 

 

Et puis, aller en terrasse n’est pas forcément en contradiction avec la civilisation du cocon que vous décrivez, si c’est pour y rencontrer uniquement les siens… 

 

Cet entre soi n’est pas que physique. Il est aussi psychique. Le fait de rechercher une altérité très semblable. On le voit bien en politique avec la difficulté de débattre. On recrée des bulles spéciales, professionnelles, amoureuses. L’altérité est dangereuse… 

 

Vous revenez aux travaux du grand sociologue allemand, Ulrich Beck qui avait posé la question du risque qui allait devenir centrale dans nos vies. Le retour sur soi, c’est aussi à relier avec ces risques ? 

Il publie son livre dans les années 1980. Quand il pense la "risquophobie", il explique que la modernité en créant des nouveaux risques allait nécessiter de prendre des mesures pour s’en protéger. Le point d’orgue de ce mouvement, c’est le principe de précaution (1992) qui agit désormais comme une boussole, y compris dans nos vies. 

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