Quel héritage laisseront les Jeux de Paris 2024 ? Pour le sociologue Jean Viard, "c'est aussi important que l'Exposition universelle de 1900"

Fin, ce weekend, de la parenthèse enchantée des Jeux de Paris 2024. Première phase olympique, et second volet paralympique. Que restera-t-il pour les Français de cet évènement planétaire ?
Article rédigé par franceinfo - Jean Viard - Benjamin Fontaine
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Les Jeux de Paris 2024 marqueront-ils l'histoire de la France ? Et quel impact auront-ils sur le pays à l'avenir ? (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Les Jeux de Paris 2024 touchent à leur fin. Ils ont fait vibrer la France tout cet été. Un moment de concorde nationale sur lequel revient le sociologue Jean Viard.

franceinfo : Est-ce que ces Jeux resteront comme un grand moment de notre histoire contemporaine ?

Jean Viard : Je crois que oui. Pour moi, c'est aussi important que l'Exposition universelle de 1900. Il y a bien sûr les Jeux, le sport, les athlètes, leur courtoisie, et en plus ce qui est merveilleux, là, c'est que ce sont les Jeux dans la ville. Au fond, on a fait de Paris et de son patrimoine une mise en scène mondiale, et je pense que c'est ce qui va rester, au-delà des performances sportives : la soirée d'inauguration, le cheval qui court sur la Seine ou la cantatrice en haut du Grand Palais pour chanter la Marseillaise. Et je vais vous dire : le fait qu'il ait plu a renforcé l'image, cela donnait un sentiment de courage, de fierté, de ténacité. La France y a beaucoup gagné.

Ces Jeux de Paris 2024 portent-ils, précisément, l'image d'une France dont nous rêvons, que nous idéalisons même ?

C'est en tout cas l'image d'une France qui marche bien. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes, mais rappelez-vous comment le rendez-vous avait été décrié en amont. On oublie qu'on est un pays qui a d'immenses réussites. Il y a des gens, des jeunes, qui m'ont dit se sentir pour la première fois fiers d'être Français. Après, est-ce que c'est vraiment le genre de moment qui peut changer quelque chose dans la société ? Je ne suis pas sûr. Certains sites vont rester, comme on avait gardé la tour Eiffel ou le Grand Palais après les Expositions universelles. Mais après ? Mon rêve serait qu'on change le nom des boulevards autour de la place de l'Étoile, à Paris, ou de rues dans les communes partout en France, pour les patronymes – moitié filles, moitié garçons – de ceux qui ont gagné des médailles d'or aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 !

Des rues Léon Marchand, par exemple ?

Oui, parce que si on inscrit ces noms dans le corps charnel de la patrie, dans le récit national, si les politiques s'en servent positivement, cela peut prendre une dimension exceptionnelle. C'est un peu comme la vente d'un produit : si on sait faire l'après-vente, si on le met en scène, si on prévoit que la France va avoir 10 ou 20 millions de touristes supplémentaires, voilà qui pourrait jouer sur le développement économique. On peut gagner 1 ou 2 points de PIB dans les 5 ans qui viennent. Une spirale s'engage, elle va dépendre des politiques, des artistes, des intellectuels. En réalité, l'œuvre ne fait que commencer.

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