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Rythmes scolaires : mais comment font-ils ailleurs ?

Semaine cruciale pour la réforme des rythmes scolaires notamment à Paris, avec toute une série de mobilisations depuis ce matin. Cette réforme était-elle indispensable pour améliorer l'éducation ? On y revient aujourd'hui à partir des enseignements des comparaisons internationales...
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15 min
  (©)

**** Premier élément du dossier : la semaine de quatre jours au
primaire, qui reste majoritaire à 80% dans le pays, est une exception au niveau
mondial. Partout ailleurs on étudie quatre jours et demi voire, dans la
majorité des cas, cinq jours par semaine.

Moins de jours de
classe, mais pas forcément moins d'heures de cours...

Effectivement. La moyenne des pays de l'OCDE est même de quatre heures
par jour dans le primaire, cinq dans le secondaire. Non seulement la France
concentre les cours sur quatre jours, mais elle est aussi l'un des pays qui
délivre le plus grand nombre d'heures de cours, et où les vacances sont les
plus longues. Il y a 140 jours d'école dans le primaire
‐ 178 jours dans le secondaire,
alors que
la moyenne OCDE est de 187 jours au primaire comme au secondaire. Plus encore
que la réforme des rythmes, c'est cela qui épuise les enfants et parfois les
enseignants

D'où l'idée de réformer
les rythmes. Pourquoi a-t-elle tant de mal à passer ?

Probablement car cette réforme est beaucoup trop modeste. Vincent
Peillon a toujours dit qu'il voulait modifier les rythmes de la journée, de la
semaine et de l'année, mais en commençant uniquement par la journée et la
semaine sans oser toucher aux vacances scolaires, eh bien il est finalement
passé à côté du sujet : personne, au fond, ne comprend en quoi cette
réforme va changer quoi que ce soit à la réussite des enfants. A quoi il faut
ajouter l'extrême diversité de situations que l'on observe et qui permet au
ministère d'affirmer que la réforme se passe bien dans 90% des cas, et à deux
directeurs d'écoles parisiennes sur trois d'expliquer l'inverse.

En tout cas, le nombre
d'heures de cours n'entraîne pas mécaniquement 
une plus grande réussite.

Non. La Finlande caracole en tête des
évaluations internationales du niveau des élèves, pourtant les enfants finlandais
détiennent le record du minimum d'heures de cours dans l'OCDE.

Les journées commencent à 8h et se finissent entre 13h et 14h, ou 15h
exceptionnellement en cas d'option, du lundi au vendredi. Les cours durent 45 minutes et les récréations 15
minutes.

Les vacances d'été commencent fin mai et se terminent vers la mi‐août (entre 10 et 11 semaines). Mais pendant
l'année, les élèves se reposent, en dehors des fêtes légales :

  •  quelques
    jours fin octobre,

  •  deux
    semaines à Noël,

 -  une semaine
fin février,

 -  quatre
jours à Pâques.

Si le temps passé à
étudier n'améliore pas la qualité, c'est que la réponse est du côté des
méthodes d'enseignements...

Absolument.

Je cite un document de l'Institut français de
l'éducation : " Certaines études ont même montré qu'en matière de
remédiation, un changement de pratique pédagogique pouvait avoir plus d'effets
bénéfiques qu'une augmentation du temps d'enseignement (Chopin, 2010 ; 2011).
Et si le temps est " la ressource centrale pour
les apprentissages
des élèves, [...] sa dimension qualitative est
plus importante que sa dimension quantitative : c'est bien l'usage que l'élève peut faire du temps et non seulement son
volume qui détermine l'efficacité pédagogique
" (Suchaut, 2009). "

Et le système allemand,
école le matin, activités l'après-midi ?

Eh bien les allemands en reviennent. On a beaucoup parlé de ce système comme
d'un modèle, mais c'était jusqu'au choc Pisa, il y a dx ans, quand l'Allemagne
a découvert que son système était beaucoup moins performant que ce qu'elle
croyait. Résultat, le gouvernement fédéral défend maintenant la ganztagsschule,
l'école tout au long de la journée. En 2003, un programme de 4 milliards € a
été lancé pour promouvoir l'ouverture des établissements scolaires toute la
journée, c'est‐à‐dire jusqu'à 16 ou 17 heures, et ce au
moins trois fois par semaine. Plusieurs milliers d'établissements ont adopté
cette réforme.

Et ça marche ?

En tout cas l'Allemagne a considérablement progressé dans
Pisa, ce qui n'est pas le cas de la France. Mais ce qui marche le mieux, au
niveau mondial, c'est quand on réussit à rendre cohérents le temps scolaire et
le temps périscolaire, à coordonner les apprentissages formels et les
apprentissages informels. Ce qu'on appeait en France les dispositifs d'aménagement du temps de vie des enfants (ARVE).
Ils ont été expérimentés. Ils réunissaient activités scolaires, sportives et
socio-culturelles dans un même cadre éducatif global. Et on a observé des effets positifs sur les compétences sociales
des élèves.

C'est
le principe de la réforme des rythmes...

Oui. C'est sans doute pour cela que le gouvernement ne veut pas y
renoncer. S'y est-il bien pris ? A l'évidence non – les remous de la
semaine en attestent. Mais l'idée générale reste bonne, du moins au regard des
comparaisons internationales.

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