Pisa 2012 : le carton plein des pays asiatiques
Dans l'ordre : Shanghai,
Singapour, Hong-Kong , Taipei, Corée du Sud, Macao, Japon. L'Asie réalise la
passe de sept... Le premier pays non asiatique arrive 8e et c'est le
Liechtenstein. Selon Andreas Schleicher, de l'OCDE, si on rapporte les
résultats de Shanghai à ceux de la moyenne des élèves testés par Pisa, cela
correspond à un écart équivalent à trois ans de scolarité.
Et on rappelle que ces tests ne
mesurent pas seulement les connaissances mais aussi les compétences...
Oui. Pour obtenir de tels résultats,
les élèves ne doivent pas se contenter de réciter une leçon, ils doivent être
capables d'extrapoler, de transférer leurs connaissances pour résoudre des
problèmes, donc de faire preuve de créativité. 30% des élèves de Shanghai
savent le faire, 2% des élèves américains.
Alors même qu'on voit souvent le
système américain comme très tourné vers la créativité, et l'Asie concentrée
sur le par cœur et la répétition...
Oui. Autre donnée importante : ce
qui explique les performances asiatiques, ce n'est pas la capacité à produire
d'excellents élèves – d'ailleurs si on prend seulement les meilleurs français,
ils sont au niveau des meilleurs de Shanghai. Ce qui fait la différence, c'est
la capacité de ces systèmes à élever le plus grand nombre à un bon niveau. Ce
sont des systèmes qui compensent beaucoup mieux les inégalités.
Comment font-ils ?
Les explications sont multiples. Une première d'entre elles touche à l'attitude
des élèves. Dans la plupart des pays asiatiques explique l'OCDE, les élèves
croient profondément que la réussite est avant tout le fruit du travail et pas
le produit de la naissance. Pour le dire autrement ils croient que l'acquis
peut l'emporter sur l'inné. Deuxième facteur : l'exigence des enseignants, très
élevée, et leur capacité à adapter leur pédagogie. C'est aussi le résultat
d'une politique exigeante dans le recrutement des enseignants – la qualité sera
toujours privilégiée par exemple sur le fait d'avoir des classes à effectifs
réduits. Beaucoup d'attention est également portée à la formation et à
l'encadrement au quotidien de ces enseignants, des enseignants auxquels on
laisse une réelle marge d'autonomie pour atteindre les résultats espérés. Il
faut encore ajouter une place réelle faite aux parents. Et une culture dans laquelle
le statut de l'enseignant est extrêmement valorisé et respecté.
Ce sont aussi des systèmes très
sélectifs...
Oui. Prenez la Chine, Sur les
20,6 millions d'enfants nés en 1993, la moitié seulement se sont présentés au
gaokao – l'examen d'entrée à l'université – et, parmi ces derniers, moins d'un
tiers a été reçu. Par ailleurs, la Chine triomphe de manière très biaisée
puisque la situation à Shanghai, Hong Kong ou Macao est loin de refléter la situation
dans d'autres villes ou dans les campagnes. Exemple avec un article de Caroline Puel
dans le Point : " Les citadins riches sont très privilégiés par
rapport aux enfants des campagnes, sans parler des migrants (parmi lesquels
l'analphabétisme reste élevé, à près de 10%, surtout chez les filles). S'ils
ne sont pas en pensionnat, les enfants visant ce sésame restent vissés à la
maison pour réviser. Seul loisir autorisé : pratiquer un instrument de musique,
ce qui permettra de gagner de précieux points. Leurs parents visent les
meilleures écoles, les meilleurs collèges, les meilleurs lycées... " Donc
il y a une part de trompe l'œil dans le succès chinois.
Système très compétitif aussi au
Japon ou en Corée du Sud
Oui. Les parents inscrivent leurs
enfants dans des jukus, des écoles privées après l'école, ils rentrent chez eux
à 22 heures et ont encore des devoirs à faire. Une partie des nombreux
immigrants coréens sur la côte Ouest des Etats-Unis affirment qu'une partie de
leur motivation tient à cette pression scolaire inouïe.
Tous les regards se tournent
désormais vers l'Asie du sud est... Mais que devient la Finlande, qu'on a présenté
comme un modèle depuis 10 ans ?
Elle décline dans le classement. En fait vous avez eu là-bas un effet paradoxal
de Pisa, une sorte de choc à l'envers. C'est ce qu'expliquait récemment sur
lexpress.fr Pasi Sahlberg, qui dirige le centre de
mobilité et de coopération internationale du ministère de l'Education finlandais
: "A cause de cette réputation obtenue grâce à
nos résultats aux études Pisa, le système éducatif est devenu très difficile à
faire évoluer. Personne ne veut plus rien changer". Résultat, certains
problèmes ne sont pas traités. Il cite notamment l'écart qui se creuse en
garçons et filles, au profit de ces dernières ou la question de l'intégration
des enfants issus de l'immigration.
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