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Cours gratuits en ligne : Grenoble Ecole de Management accélère

On reparle aujourd'hui des Moocs, les Massive online open courses, ces cours gratuits délivrés en vidéo sur internet. La révolution annoncée est en train de se produire, peut-être encore plus vite que prévu...
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
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Petit rappel pour ceux qui auraient manqué les
épisodes précédents : depuis deux ans, plusieurs plateformes de Mooc, ces cours gratuits délivrés en vidéo sur internet, ont
été créées aux Etats Unis. Elles s'appellent Coursera, Udacity ou EdX, les deux
premières sont privées, la troisième est un consortium d'universités à but non
lucratif. On y trouve des cours, en vidéo, délivrés par les meilleurs
enseignants des meilleures universités.

Et ces
cours sont gratuits.

Oui. Ils sont assortis de quiz ou de petits tests qui
permettent de vérifier que vous avez compris. Ce que vous payez éventuellement,
c'est un certificat, on dit aussi un badge, qui prouve que vous avez réussi ces
tests.

Ce que vous
nous avez déjà expliqué, c'est que cela pourrait modifier l'économie du savoir
puisque ce que l'on vendait jusque là devient gratuit.

Oui. A partir du moment où vous pouvez suivre
gratuitement les cours des meilleurs enseignants du monde, pourquoi payer, dans
une école de commerce par exemple, pour des cours en amphi délivrés par des
enseignants moins réputés. Ce qu'on annonçait donc, c'était une modification du
modèle pédagogique et économique. Du modèle pédagogique avec des cours que les
étudiants regarderaient en vidéo sur internet ; les cours physiques, dans
les écoles, serviraient avant tout à vérifier que vous avez compris, à
appliquer les connaissances à des exemples concrets...

Et ça
change aussi le modèle économique.

Aujourd'hui les écoles vendent un tout, dont
l'enseignement fait partie, mais leur réputation dépend de la qualité de leur
enseignement. Or un cours validé sur Coursera par exemple coûte 89 dollars. Si
vous voulez acheter 20 cours dans l'année, cela vous coûtera environ 1500
euros. Or une école vous vend l'année à 8.000 euros. Est-ce que le reste du
service rendu sera réputé valoir la somme restante, à savoir 6.500 euros ?
Ce n'est pas certain.

Quand vous
dites le reste, vous parlez de tout ce qu'il y a autour des cours...

Oui. L'encadrement pédagogique, les infrastructures -
matérielles ou administratives - le service des stages, le service d'aide à
l'emploi, la vie associative, l'ingénierie pédagogique, la marque aussi (une
école reconnue sur le marché de l'emploi, cela a plus de prix) etc. C'est la
valeur de ces services qui va demain devenir de plus en plus importante. Si
tout le monde peut offrir les meilleurs cours, c'est là-dessus que se fera la
différence.

Jusque-là
c'est un modèle un peu théorique. Il est en train devenir réel.

Oui, en tout cas dans les écoles de commerce. Exemple
à Grenoble école de management. Un cours va être délivré cette année à partir
d'un Mooc de la plateforme Udacity. Les étudiants vont suivre cet enseignement,
délivré par un prof mythique de Stanford, passer les quiz, et en cours ils
travailleront sur des applications de cet enseignement.

Et ce sera
pris en compte dans l'obtention du diplôme

Oui. C'est ça la révolution et elle avait beau être
annoncée comme imminente elle arrive très très vite. Car toutes les écoles de
commerce vont à terme être confrontées à des questions d'étudiants qui voudront
eux aussi valider certains enseignements via des Moocs. La question se posera
d'autant plus vite que Gem est une très bonne école.

Autre indice de la déferlante qui s'annonce : un
des plus grands groupes privés mondiaux d'enseignement supérieur, Laureate
Education, qui possède en France notamment le groupe Inseec, vient d'investir
dans la plateforme Coursera. S'il le fait ce n'est pas pour rien : il
devrait favoriser l'utilisation de la plateforme dans ses écoles.

Et puis de nouveaux acteurs apparaissent.

Une PME First Finance, qui se présente comme leader
international en training et formation en Finance, vient d'annoncer le lancement
d'un MOOC en trois langues
(français, puis anglais et chinois). Le programme s'adresse aussi
bien à des étudiants qu'à
des professionnels en activité. Ce
MOOC est réalisé en partenariat avec Pascal Quiry, ex managing partner de BNP Paribas et
enseignant à HEC, qui l'animera.

Là encore, le monopole
des écoles et des universités est attaqué..

Oui. Elles ne seront plus les seuls lieux de délivrance du
savoir.

Alors attention, elles ne vont pas disparaître :
d'abord elles sont les seules à offrir justement autre chose que des savoirs,
elles sont toujours des tiers de confiance 
solides pour les entreprises – on sait qu'un diplôme de telle école a
une valeur, parce que l'école a correctement vérifié le niveau des étudiants.
Et puis ce sont elles qui emploient les enseignants et qui abritent la
recherche, elles sont le fonds de commerce de nos fameux Moocs.

Mais ce qui est sûr c'est qu'elles vont devoir évoluer
très vite pour s'adapter à cette nouvelle donne, qui place l'étudiant au centre
de toutes les attentions.

Je laisse la conclusion à GEM, l'école vient de publier un
passionnant livre blanc sur l'école du futur ; il ne dit pas autre chose. Il
prédit que "le grand retour de la
pédagogie sera la principale plus-value des établissements
".

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