Cet article date de plus de trois ans.

Profession : reporter. À la rencontre du variant P1 : Manaus, une ville ravagée au cœur de l'Amazonie

Au Brésil, le variant P1 du Covid-19 se révèle offensif et meurtrier. Une ville a été particulièrement touchée. Manaus, en Amazonie. C'est ici que le variant aurait d'ailleurs émergé en décembre 2020. Olivier Poujade, grand reporter de la rédaction internationale de Radio France et Gilles Gallinaro se sont rendus sur place. 

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
A Manaus, tout le monde a perdu un parent, un ami.  (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Quand le virus soulève angoisse et psychose, quand le variant P1, inconnu mais présenté comme contagieux et virulent, se révèle être un danger invisible, il est des reportages qui ne ressemblent à aucun autre. 

Le virus, un tireur isolé

La comparaison avec un théâtre de guerre, ce ne sont pas les journalistes qui l'établissent mais les habitants de la région. À Manaus, tout le monde a perdu un parent, un ami. Les pelles creusent des emplacements supplémentaires pour les enterrements. Ce sont des récits d'effroi que portent celles et ceux qui témoignent au micro d'Oliver Poujade et Gilles Gallinaro.  "Les gens ont du mal à décrire la violence du passage de ce variant", souligne Olivier Poujade. Comme cet infirmier, qui travaille à l'hôpital dans lequel est morte sa femme.

Je tremblais de partout, comme des montées d'angoisse qui me vidaient, je ne voulais plus travailler ici, comment j'allais m'occuper des gens alors que je n'ai même pas été capable de sauver ma femme.

Un infirmier de l'Hôpital du 28 août à Manaus

L'Hôpital public du 28 août à Manaus, a été débordé par la deuxième vague du coronavirus.  (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Le virus est un tireur isolé qui peut tirer à tous moments, une embuscade qui peut survenir à tous moments. Et en dépit des risques encourus, des projecteurs du monde entier qui décrivent l'Inde et le Brésil comme une menace pour l'humanité, quelques rassemblements ont encore lieu, parce qu'aussi le président Jair Bolsonaro continue d'encourager la population à vivre normalement. 

Mais la dite population a plutôt tendance à se masquer. Olivier Poujade qui connaît bien le Brésil, découvre ce qu'il appelle un Brésil de basse intensité. On  ne boit plus dans les mêmes verres, on ne s'embrasse plus et on respecte les mesures barrières. Seuls quelques îlots, des bars, des quartiers, voient des groupes sans masques se regrouper autour d'un match à la télévision et cela suffit au virus pour se propager. 

Manaus, où a émergé le variant P1, des récits d'effroi, un climat de guerre.  (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

"Un climat de guerre, la panique"

Brazil, Brazil, un ressort est cassé. Le pays sidéré est touché dans sa culture et son mode de vie. Et pour les reporters, circuler dans ce pays pointé du doigt par la communauté internationale, aller de témoignages en témoignages plus édifiants les uns  que les autres, n'est pas anodin. Il faut redoubler de vigilance.

L'appréhension sanitaire, on vit avec. Oliver et Gilles ne quittent pas leurs masques, se lavent souvent les mains, désinfectent régulièrement le matériel et se tiennent à distance de leurs interlocuteurs... tout en préservant une profonde empathie pour eux, qui portent à notre connaissance la douleur de leurs expériences, leurs craintes et leurs espoirs. 

Des récits d'effroi au Brésil à Manaus, à 4 000 km au nord de Rio dans la forêt amazonienne. La ville a été ravagée. C'est là qu'a émergé le variant P1, racontent les reporters de Radio France.  (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.