On s'y emploie. Conversations : de quoi parle-t-on au travail ?
"On s'y emploie", c'est tous les dimanches un gros plan sur le monde du travail, avec une personnalité qui l'éclaire.
De quoi parle-t-on au travail ? De quoi sont faites nos conversations ? Le "Festival des conversations" vient de se tenir cette semaine.
Guillaume Villemot a fondé le "festival des conversations" et publié Osez les conversations aux éditions Eyrolles.
Quelle est la conversation typique devant la machine à café ?
G.V. : c'est celle où on parle de tout et de rien, on commence par se demander ce qu'on a fait la veille, et on dérive sur ce qu'a dit ou fait tel ou tel collègue. C'est une conversation très légère, qui permet de retrouver des points communs avant de dériver vers des choses plus profondes.
Les entreprises s'équipent de coins "lounge", de canapés... C'est bon pour la conversation...
G.V. : oui, on a même créé des fonctions de "chief happiness officers" pour favoriser le bien-être des salariés et du coup les lieux de conversations. On s'est rendu compte qu'il ne suffisait pas de mettre un baby-foot et une cuisine pour que tout le monde se mette à parler, que souvent ceux qui parlaient le plus, c'étaient ceux qui fumaient, et qu'on peut difficilement encourager le fait de fumer.
On crée donc des espaces, il y a de plus en plus de sociétés qui développent ces lieux de conversations, non pas en disant il faut se retrouver à telle heure pour parler, mais voilà des lieux que je laisse à votre disposition pour ça.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui n'osent pas tellement l'engager cette conversation ?
G.V. : la première chose c'est de dire aux gens : "allez vers les autres", écoutez-les, asseyez-vous face à la personne et si c'est l'autre qui fait la démarche, ne restez pas derrière votre écran à tapoter, ou au téléphone, il n'y a rien de pire que les gens qui vous appellent et vous entendez le bruit des doigts sur le clavier : on se rend bien compte que la personne fait autre chose que vous parler. Il faut se mettre au niveau de la personne, physiquement : asseyez-vous et mettez-vous en face à face avec elle.
En France, est-on un pays de conversation ?
G.V. : non. Je pensais qu'on l'était avant de lancer ces initiatives, et en réalité on est très handicapé de la conversation par rapport aux Anglo-saxons. On a supprimé les espaces de conversation beaucoup dans nos lieux publics, on a supprimé les bancs par exemple. On a une forme de timidité et de gêne par rapport à la conversation parce qu'elle n'est pas dans nos modèles éducatifs. On ne nous apprend pas à converser quand on est à l'école. Donc on a besoin d'apprendre ou de réapprendre à converser et les réseaux, le digital, nous permettent d'entrer dans cette phase d'apprentissage.
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