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Un peu de poésie (au téléphone) dans un monde de brutes

Un numéro de téléphone et, à l’autre bout du fil, une voix vous accueille et vous propose d’écouter un poème... Ça n'a pas échappé à Olivia Leray.

Article rédigé par franceinfo - Olivia Leray
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le numéro d'appel du serveur vocal poétique, relayé sur le compte du ministère de la Culture. (CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER)

[Précision. La compagnie Home Théâtre a annoncé mardi 12 janvier avoir été contrainte de fermer dans la nuit son "serveur vocal poétique". Cette initiative, relayée par un tweet du ministère de la Culture, a semé la confusion sur les réseaux sociaux et provoqué "une salve de commentaires incendiaires", déplore la compagnie, qui dénonce "amalgames" et "récupérations de tous bords". Il ne s'agissait pas d'une initiative du gouvernement, comme le tweet du ministère – et une première version maladroite du titre de cette chronique – pouvaient le laisser penser, mais bien d'une initiative indépendante.]


Le serveur vocal poétique, "SVP" pour les intimes, est un numéro gratuit (03 74 09 79 52) qui vous permet d'écouter dix poèmes, sept jours sur sept et 24 heures sur 24 . À l'origine de ce répondeur, la compagnie Home Théâtre et là, on se dit : bonne idée !" Étant donné qu'on ne peut pas aller au cinoche, au théâtre ou voir un un concert, écoutons des poèmes au téléphone tout seul, chez soi, dans le noir. C'est d'ailleurs ce que s'est dit le ministère de la Culture, qui a relayé cette initiative sur Twitter et sur sa page officielle avec le #culturecheznous.

C'est même sponsorisé façon numéro vert puisqu'on a le logo du gouvernement sur l'affiche de ce SVP. Lundi soir, j'ai composé le numéro. À ne pas faire seul chez soi avec une bouteille de vin, je préviens. Les poèmes lus mettent, un peu, beaucoup, le cafard. Un exemple :

"Je voudrais mourir dans un endroit gratuit
Sans menu affiché sur la porte
Sans activité poterie
Sans voisins qui délirent
Sans couloir blanc nauséeux
Sans papier à signer pour sortir
Dans un endroit calme,
Où personne ne s'affaire à sauver personne
Où chacun accomplit amoureusement ses rites
Où l'on joue aux échecs dans l'herbe molle
Sans s'occuper des gens qui partent (...)"

Comme Téléphone, Je rêvais d'un autre monde. Je ne blâme pas l'initiative de la compagnie Home Théâtre, loin de là, je m'interroge juste sur ce qu'on nous offre en termes de culture depuis un an, alors que des centaines de passagers peuvent manger, côte à côte, sans masques et en même temps, dans les avions. Je ne sais pas si je dois croire au ministère de la Culture quand il relaye ce numéro, s'en contente finalement puisque rien ne se passe depuis un an. Je ne sais pas si je dois croire Roselyne Bachelot quand elle dit sur franceinfo : "Je mets toutes mes tripes sur la table pour protéger le monde de la culture."

Sur internet, les internautes ont réagi à ce serveur vocal poétique, "Le Gorafi est au chômage, c'est officiel", ou encore, "Un nouveau numéro vert, en vers cette fois". Moi, je dis juste que si c'est au téléphone qu'on peut désormais avoir de la culture, et bien moi, je suis comme Téléphone...

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