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Test de Turing : un ordinateur a-t-il réussi à se faire passer pour un humain ?

Des scientifiques britanniques annoncent qu'un programme informatique d'intelligence artificielle a réussi à se faire passer pour un jeune garçon de 13 ans en passant avec succès le "test de Turing" mais la performance ne fait pas l'unanimité.
Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Plaque commémorative A.Turing  © CC Joseph Birr-Pixton from en.wikipedia — en.wikipedia)

Un ordinateur peut-il être aussi intelligent qu’un être humain ? C’est « la » question qui se pose depuis toujours, en tout cas depuis l’invention des ordinateurs et surtout depuis la création des programmes d’intelligence artificielle.

Un ordinateur peut-il penser ? La réponse est « oui ». Du moins, c’est la conclusion à laquelle viennent d’arriver des spécialistes de la Royal Society of London, l’équivalent anglais de notre Académie des Sciences. Un ordinateur vient de réussir à berner des juges lors d’une compétition un peu particulière (ici).

Test de Turing

En fait, il s’agit d’un concours organisé régulièrement baptisé le « test de Turing », du nom de ce grand mathématicien du début du vingtième siècle Alan Turing, considéré comme le père de l’informatique. C’est une épreuve inventée en 1950 pour voir si un ordinateur qui discute avec des humains peut parvenir à les berner. Une manière de mesurer l’état de l’art en matière d’intelligence artificielle. Le génial Turing avait prédit que les ordinateurs seraient capables de passer le test dès l’an 2000. Ce test est une sorte de chat à bâtons rompus. Il faut que 30% au moins des juges soient convaincus qu’ils ont affaire à un être humain.

Et c’est ce qui s’est passé récemment à Londres.

Performance contestée

Le candidat s’est présenté comme un jeune ukrainien de 13 ans prénommé Eugène. Au final, 33% des examinateurs se sont dit convaincus qu’il s’agissait bien d’un être humain alors que ce n’était en réalité d’un logiciel d’intelligence artificielle.

Cela dit, l’histoire est sans doute un peu trop belle.

De nombreux spécialistes remettent en question cette performance (ici, ici et ici)

Pour certains, le test de Turing ne serait qu’un jeu et pas une expérience scientifique. L’issue de l’épreuve dépend beaucoup de la personnalité des juges. Le fait que le programme se fasse passer pour un jeune, étranger de surcroit, serait une manœuvre destinée à amadouer le jury sans doute alors plus enclin à accepter des réponses approximatives dans un anglais incertain. Ce n’est pas la première fois qu’un logiciel comme Eugène, que l’on appelle un « agent conversationnel », obtient ce genre de résultat.

Quoi qu’il en soit, cela a au moins le mérite de braquer les projecteurs à la fois sur l’intelligence artificielle et sur Alan Turing, persécuté pour homosexualité dans les années 50, dont on fête le soixantième anniversaire de la mort. 

 

 

 

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