"Alexa" au service de la justice : les traces numériques de plus en plus utilisées comme preuves judiciaires
L'assistant vocal d'Amazon, Alexa, vient à nouveau d'être utilisé pour résoudre une affaire judiciaire.
En Allemagne, une enquête judiciaire vient d’être résolue grâce à l’assistant intelligent d’Amazon. Il y a quelques jour, lors d'un procès en Bavière, un meurtrier a été confondu grâce à des enregistrement de l'enceinte connectée Alexa. Le meurtrier s'est trahi en activant lui-même l'enceinte. Il a demandé quelque chose comme "allume les lumières" ou "mets la radio" (l'information exacte n'a pas été divulguée). Cela a permis de prouver qu’il était bien sur place au moment du crime. D’ailleurs, celui-ci a fini par avouer.
On aurait tort cependant d’en déduire qu’il s’agit là d’une nouvelle preuve d’un espionnage généralisé par les enceintes connectées. Ce n’est pas l’enregistrement sonore du meurtre qui a été récupéré mais simplement des commandes vocales prononcées par l’assassin lui-même. Les entreprises qui commercialisent les enceintes connectées (Amazon, Google et Apple) ont toujours assuré que celles-ci n'enregistraient pas en permanence tout ce qui se dit dans une pièce. Cependant, il leur arrive de se déclencher par erreur (ce qui est alors signalé par une alerte sonore). Ensuite, Amazon conserve les enregistrements des paroles prononcées après le mot d’activation (wake word) tant que l’utilisateur ne les efface pas lui-même dans l’application.
Traces numériques
Ce n'est pas la première fois que des enregistrements de ce type sont utilisés pour élucider un meurtre. Les traces numériques commencent à être de plus en plus souvent exploitées dans le cadre d'enquêtes judiciaires. De même que l’on peut retracer un itinéraire grâce aux paiements et retraits par carte bancaire, il est possible de vérifier certains faits via les données collectées par nos objets connectés. C'est le cas non seulement avec les assistants vocaux, mais aussi les téléviseurs connectés, les montres ou bracelets connectés et bien sûr les smartphones. Ce sont des éléments supplémentaires au service de la justice et des victimes.
Tout cela s'inscrit dans un cadre légal. En ce qui concerne les assistants vocaux, au début, Amazon refusait de transmettre les enregistrements, mais désormais l’entreprise est bien obligée de se soumettre aux lois des États. En Europe, l’exploitation de ces données est très encadrée, notamment par le RGPD. Des problèmes se posent, évidemment, lorsque l’on sort du cadre judiciaire pour entrer dans le cadre du renseignement, avec les risques que cela représente pour la vie privée. Par exemple, une récente enquête du site Vice a révélé que l’armée américaine rachetait des données fournies par une banale application de prière musulmane.
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