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Les grands défis technologiques de demain : voter via Internet

Le défi technologique du jour, c’est le vote électronique : la possibilité de participer, à distance, via Internet, à une élection. En France, on en est encore au stade de l’expérimentation contrairement à l’Estonie où le vote électronique existe depuis presque 20 ans.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pourra-t-on un jour voter par Internet en toute fiabilité ? C'est tout l'enjeu des expérimentations menées en France. (PHILIPPE TURPIN / MAXPPP)

"L’Estonie électronique" (e-Estonie), c’est le surnom gagné par ce pays balte qui compte 1.300.000 habitants, depuis 2005, depuis qu’il a instauré la possibilité de voter par Internet. D’abord aux municipales, puis en 2007 aux législatives avant les élections européennes. Il y a cinq mois, 51% des électeurs estoniens ont voté en ligne lors des dernières législatives.

Pour assurer la sécurité du vote, le système est testé avant chaque scrutin. Le code source est public et accessible à tous. Des hackers sont invités à déceler d’éventuelles failles de sécurité. Les électeurs estoniens disposent de dix jours pour voter. Ils peuvent le faire plusieurs fois et changer de vote, chacun étant signé numériquement et horodaté. Seul le dernier bulletin électronique est considéré.

Identification et signature électronique

Pour voter, chaque électeur est identifié grâce à une carte d’identité électronique à deux codes secrets, notamment pour apposer sa signature électronique. Seul bémol : la participation en Estonie n’a pas augmenté. La baisse de l’abstention constitue pourtant l’un des principaux objectifs recherchés.

Autre pays observé de près : les États-Unis, où Joe Biden vise un second mandat en 2024. Là-bas, pas de vote via Internet mais des machines électroniques à voter. Et on ne peut pas dire que les élections de mi-mandat, en novembre dernier, aient rassuré sur leur fiabilité. En Arizona, 20% de ces machines ont connu un bug technique. En réalité, chaque État américain définit les règles du vote. Il n’y a pas de système unique. Et il n’y aura pas de vote électronique l’an prochain, car les Américains n’ont pas d’équivalent électronique de la carte d’identité. Les Estoniens l’ont montré : c’est vraiment un préalable indispensable.

Deux enjeux : la sécurité et la confiance

Tout espoir n’est donc pas perdu en France. La carte d’identité numérique proposée par France Identité dont la sortie approche pourrait – en théorie – devenir la base d’un système sûr et fiable , associé à la technologie de la Blockchain. Comme l'explique Bertrand Peaudecerf, directeur recherche et innovation du groupe Tessi : "Le vote électronique aux élections sera possible technologiquement en France d’ici trois à cinq ans. Ensuite, tout dépendra de l’évolution des mentalités et du sentiment de confiance“.

D’ici trois ans justement, on estime que cinq millions de Français auront l’occasion de voter via Internet dans le cadre de leur administration ou de leur entreprise, pour élire les représentants du personnel.

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