Facebook et Instagram : vos données ou votre carte bancaire ?

Depuis le milieu de la semaine, en Europe, l’accès à Instagram et Facebook nécessite de faire un choix entre payer un abonnement, ou accepter de recevoir des publicités ciblées, et donc de partager ses données personnelles. En clair, c’est la fin de l’apparente gratuité des réseaux sociaux de Meta qui deviennent payants.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran de la fenêtre qui empêche désormais d'utiliser Facebook sans faire un choix entre payer un abonnement, ou accepter de recevoir des publicités ciblées qui impliquent le partage de ses données personnelles. Un écran comparable apparaît aussi sur Instagram. (BENJAMIN VINCENT / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

L’accélération vers un format payant était dans l’air depuis quelques jours, mais personne ne s’attendait à ce qu’il arrive aussi vite. J’en ai été le premier surpris, ce mercredi 8 novembre : en lançant Instagram sur mon smartphone, j’ai vu surgir cet écran qui, depuis, m’empêche d’utiliser le réseau social.

Une fenêtre qui dit ceci : "Faites un choix concernant les publicités. Dans le cadre de l’évolution des lois de votre région, vous pouvez maintenant choisir de continuer à utiliser les produits Meta gratuitement, en nous autorisant à utiliser vos informations pour les publicités, ou de vous abonner pour les utiliser sans publicités".

En clair, Instagram et Facebook deviennent payants. Les données personnelles – indispensables pour les pubs ciblées – ou la carte bancaire : désormais il faut choisir ! Et l’addition est salée : 9,99 euros par mois, si vous prenez l’abonnement via un ordinateur. 12,99 euros par mois, via un mobile (Meta répercutant la commission de 30% prélevée par Apple et Google, sur leur magasin d'applications mobiles respectif). Et tant qu’on ne passe pas cet écran, Instagram et Facebook restent inutilisables.

Une étape majeure pour Meta

En emboîtant le pas à Elon Musk, qui a fait sauter un tabou sur le réseau social X (ex-Twitter), après des années d’impunité, qui lui ont permis d’exploiter les données de ses – désormais – trois milliards d’utilisateurs actifs chaque mois, le groupe de Mark Zuckerberg tire les conséquences de trois événements majeurs – dont deux propres à l’Europe – qui ont profondément bouleversé son modèle économique et ses revenus : RGPD, DSA et ATT.

Commençons par l’instauration du RGPD, le règlement général sur la protection des données en 2018 : pas sûr du tout, d’ailleurs, que l’initiative de Meta, avec ce choix entre abonnement et pubs ciblées, soit conforme avec ces tarifs élevés, potentiellement dissuasifs.

Beaucoup plus récemment, la nouvelle réglementation européenne sur les services numériques, le fameux DSA avec son volet sur la protection de la vie privée. Et puis, propre à l’iPhone, n’oublions pas la transparence du suivi des applications (ATT pour "App Tracking Transparency" en anglais), cette fonction lancée par Apple, il y a deux ans et demi, qui a fait beaucoup de mal à Meta, en l’empêchant de continuer à collecter les données personnelles, sans l’accord de l’utilisateur.

De 119 à 251 euros par an

Aujourd’hui, il faut donc choisir entre accepter d’être le produit – au sens marketing – en optant pour la gratuité, ou devenir le client de Meta en payant. Et les tarifs vont augmenter le 1er mars prochain, si vous utilisez à la fois Facebook et Instagram : ils passeront de 9,99 à 15,99 euros (6 euros de plus par compte supplémentaire) sur ordinateur, et de 12,99 à 20,99 euros par mois (8 euros de plus) sur smartphone, soit jusqu’à 251,88 euros par an à payer, pour continuer à utiliser Instagram et Facebook, sans publicités, et a priori, sans partager vos données.

En Europe, ces données font gagner, en moyenne, 72 euros par utilisateur, et par an, à Meta. Chaque abonné lui rapportera donc 180 euros de plus par an (119 euros net en plus par an, une fois déduite la commission d'Apple et Google).

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