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Élection américaine : pourquoi le vote par internet n’est toujours pas généralisé

Pourquoi un pays aussi tourné vers la technologie que les États-Unis n'a-t-il toujours pas adopté le vote par internet ? Le dossier est plus complexe qu'il n'en a l'air.

Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homme regarde les résultats de l'élection présidentielle américaine de l'État de Virginie, le 3 novembre 2020 à Sierra Vista, dans l'Arizona. (ARIANA DREHSLER / AFP)

Si les Américains votaient par internet, nul doute que le résultat final de l'élection présidentielle aurait été connu un peu plus rapidement. Le dépouillement des votes par correspondance sur papier est un travail colossal, qui nécessite un temps fou. Malheureusement, le vote électronique à distance par internet, même aux États-Unis, n’est pas une mince affaire (on parle du vote à distance et pas du vote sur des machines électroniques dans les bureaux de vote, comme ça se pratique dans certains États).

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Il y a d'abord des risques de piratage. Imaginez que des hackers interceptent et transforment les votes, ce serait évidemment catastrophique. Ensuite, il y a le coût de mise en œuvre, puisqu'il faut mettre en place une infrastructure, une application pour voter, faire des tests et consacrer un gros budget à la sécurité.

Mais surtout, le vrai problème est technique, mathématique même. En fait, il est impossible de garantir en même temps l’authenticité du vote et le secret du vote. Des spécialistes du monde entier se cassent les dents depuis des années sur cette question : personne, à ce jour, n'a trouvé le moyen de garantir que c'est bien un électeur inscrit qui vote sans qu'il ne soit possible d'une manière ou d’une autre de l’identifier.

Des tentatives tout de même réalisées

On fait appel au vote par internet pour des petits scrutins, qui ne sont pas anonymes, ou pour des scrutins où l’on accepte de prendre une certaine part de risque. C'est le cas d’élections professionnelles ou même pour le vote des ressortissants à l’étranger. Pour cette présidentielle, des électeurs américains ont voté par internet, mais ils étaient peu nombreux. C'étaient des militaires, des expatriés ou des habitants de petites circonscriptions isolées. Pour cela, ils ont renoncé à leur droit à l’anonymat.

Cela n'empêche pas des entreprises spécialisées et des chercheurs de continuer à plancher sur la question. Le vote par internet avec un degré suffisant de sécurité sera peut-être une réalité un jour, si de nouvelles technologies le permettent. En attendant, si l’on souhaite y recourir, il faut accepter de mettre en péril — entre autres — le principe de l’anonymat.

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