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Batteries amovibles : pourquoi elles ne vont pas revenir

Le Parlement européen a adopté, le 14 juin, un texte dont l’objectif est de réduire l’impact environnemental des batteries utilisées notamment dans les appareils portables comme les smartphones dont le dos s’ouvrirait en un instant pour changer la batterie en quelques secondes, comme ce fut le cas pendant longtemps. Ce ne sera pas le cas et voici pourquoi.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le G4 présenté par LG, en 2015, comme “le nouveau smartphone à batterie amovible“, fut l’un des derniers téléphones Premium à proposer un accès instantané à sa batterie, grâce à un dos déclipsable. (Illustration) (LG)

Après l’USB-C… Les batteries ! Le vote, par le Parlement européen, le 14 juin, d’une résolution dont l’objectif est de réduire l’impact environnemental des batteries, a fait naître l’espoir d’un retour des smartphones "à l'ancienne". Avec le dos que l'on peut ouvrir pour changer sa batterie soi-même. Rien ne devrait vraiment changer et voici pourquoi. 

Souvenez-vous, dans les années 1990, 2000 et jusqu’au milieu de la dernière décennie, sauf sur iPhone qui ne l’a jamais proposé, sur les téléphones y compris haut de gamme : on pouvait changer la batterie soi-même et en quelques instants, en déclipsant le dos du bout des doigts. Samsung a abandonné les batteries amovibles en 2014 sur ses Galaxy S6 et Galaxy Note 5. Quant à LG, il fut parmi les derniers à y renoncer sur ses téléphones haut de gamme. C’était en 2016 avec le G5.

Design et étanchéité

Les constructeurs ont opéré ce virage pour plusieurs raisons. D’abord, une batterie amovible, rectangulaire ou carré, ça contraint énormément le design interne d’un téléphone. Par exemple, sur le LG G2, la batterie avait des coins arrondis. Et sur l’iPhone X, la batterie était en forme de L. Ensuite, une batterie amovible, c’est plus épais parce qu’il faut ajouter une enveloppe de protection en cas de choc. Or, dans un téléphone portable, chaque mm et chaque gramme comptent.

Ensuite, il y a l’argument esthétique. Qui dit dos déclipsable disait dos en plastique flexible ou en alu : des matériaux beaucoup moins séduisants que le verre ou l’acier. La troisième raison, c’est le besoin croissant d’étanchéité, pour survivre à une immersion dans le grand bleu ou la cuvette des WC. Impossible de la garantir avec un dos qu’on enlève et qu’on remet. Étanchéité à l’eau, mais aussi à la poussière, au bénéfice du consommateur.

Et donc, rien ne devrait vraiment changer malgré cette mise à jour – en cours – de la directive européenne sur les batteries. Par exemple, Apple a longtemps été critiqué pour utiliser – notamment sur les iPhone – des vis dites “Pentalobe“ très spéciales, dont les tournevis étaient introuvables. Mais ça, c’était avant. D’Amazon à Leroy-Merlin, on les trouve désormais partout. Et donc, il s’agit bien d’outils "disponibles dans le commerce", comme le stipule la résolution européenne. Apple n’aura donc pas à renoncer à ses vis propriétaires.

Disparition annoncée de la colle

En fait, le seul vrai changement, pour l’utilisateur, portera sur la disparition de ces colles puissantes, que les constructeurs utilisent souvent pour fixer les batteries. Le texte dit que les batteries devront pouvoir être changées par l’utilisateur "sans avoir recours à de la chaleur ou à des solvants". Et donc, a priori, on n’aura plus besoin de dégainer un sèche-cheveux ou un décapeur thermique, mais on sera encore très loin des téléphones de notre jeunesse.

La proposition votée par le Parlement européen doit maintenant être approuvée par le Conseil de l’Europe, avant d’être publiée au Journal officiel de l’Union européenne. Les constructeurs auront ensuite trois ans et demi pour s’y conformer.

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