Rénovation énergétique : la France n'atteindra pas son objectif de 2020
En 2011, sur 2.5 millions de travaux de rénovation énergétique effectués, seuls 5% ont atteint un niveau de performance énergétique élevé. Ces résultats, nous le savons aujourd‘hui, ne permettrons pas d’atteindre les objectifs que la France s’est fixés en terme de diminution de la consommation pour 2020.
Pour identifier et comprendre les raisons de cet échec, l’UFC-Que Choisir a mené une enquête de terrain pour mesurer la qualité du conseil et l’accompagnement des professionnels de la performance énergétique. L'association a sollicité 34 professionnels pour évaluer la performance énergétique de cinq maisons situées aux quatre coins de la France et faire des recommandations de travaux de rénovation, explique Nicolas Mouchnino, chargé de mission Energie et Environnement pour l'UFC-Que Choisir.
Ils ont testé les professionnels labellisés "RGE" - labellisation promue comme une garantie de compétence - et les partenaires d’EDF et GDF-Suez. L’ensemble des propositions ont été contre expertisées par un expert indépendant.
Des résultats catastrophiques
Les résultats sont plus que désastreux puisque sur les trois points testés, l’évaluation de la maison, les conseils en travaux ou le conseil financier, les résultats sont catastrophiques.
L’évaluation est indispensable pour la fiabilité des recommandations, or à peine 58% des prestataires ont visité l’ensemble des lieux. Au final, seul un quart des prestataires réalise une évaluation complète de la maison. Ce piteux résultat en termes d’audit aboutit inévitablement à des propositions de travaux parcellaires, voire incohérentes. Seul un professionnel, sur les 23 ayant adressé des recommandations écrites, a proposé des travaux sur les trois critères exigés en matière de rénovation énergétique : enveloppe du logement, ventilation, production de chaleur. Comble du mauvais conseil, certains ont constaté durant l’évaluation une perte importante de chaleur du logement mais n’ont rien proposé in fine sur l’enveloppe du bâti ou la ventilation.
Un conseil financier problématique
Tous les professionnels étudiés ne donnent qu’une information minimale et générique sur les aides au financement et ne se livrent pas à un conseil financier personnalisé, détaillant les montants d’aides auxquelles le ménage peut prétendre. Résultat : les devis sont tous aux coûts bruts, hors aides, ce qui peut fausser la prise de décision de la part des propriétaires. En effet, une fois les aides intégrées, certains devis plus efficaces mais a priori plus onéreux s’avèrent au final bien plus économiques.
Des solutions
Pour contrer cette situation catastrophique, il faut renforcer drastiquement la formation et le contrôle du "signe de qualité" "RGE", promouvoir une nouvelle filière d’experts indépendants capables de coordonner les travaux et d’accompagner le consommateur tout au long de sa démarche de rénovation énergétique , de l’audit à la réalisation des économies, une sorte d’architecte énergéticien. Il faut également revoir complètement les aides au financement pour accroître leur impact incitatif : progressivité des aides en lien avec la performance de la rénovation, complémentarité entre les différentes aides (Ecoprêt ; CIDD).
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