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Cynthia Fleury : "Ma France championne du monde de la santé pour tous"

La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, invitée d'Olivier de Lagarde, prône une France solidaire dans la santé. 

Article rédigé par franceinfo, Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cynthia Fleury. (NATHALIE BOURRUS / RADIO FRANCE)

Cynthia Fleury est philosophe, psychanalyste et titulaire de la chaire "Humanités et Santé" au conservatoire national des arts et métiers. Elle défend une France championne du monde dans le secteur de la santé et dans sa nécessité d’être effective pour tous, en particulier aux plus vulnérables. Pour Cynthia Fleury, cette volonté de solidarité est mise à mal depuis plusieurs années.   

Olivier de Lagarde : Sommes-nous toujours champion du monde de la solidarité face à la santé ?  

Cynthia Fleury : La réalité, tout d’abord. C’est-à-dire, effectivement, il y a eu des vagues de néolibéralisme managérial. Un hôpital victime de son succès et de cette exigence d’inconditionnalité mais qui est détruit par des politiques de raréfaction des moyens. Aussi, et c’est là où je trouve que ce n’est pas simplement la question de la réalité mais également la question du rêve : l'hôpital est aussi attrapé par une perte de considération de cet idéal de santé pour tous.  

Juste un chiffre : le budget de la sécurité sociale c’est presque 400 milliards d’euros. Vous pouvez vraiment dire que c’est un système de pensée victime de politiques libérales ? Quand on fait le ratio, ça veut dire que c’est presque 6000 euros par an et par habitant.  

Vous avez raison, c’est un de nos plus gros budgets, si ce n’est le plus gros. Mais en même temps, à un moment donné il faut aussi s’interroger sur la réalité perçue et pas que la réalité vécue. Si on prend simplement le cas des urgences, là aussi les urgences sont victimes de leur exigence d’inconditionnalité. C’est faussement gratuit, bien évidemment comme il y a une raréfaction de la médecine de ville et de service ouverts pour tous, on y va parce qu’on ne sait pas où aller ailleurs. Et puis on y va aussi comme une boussole si vous voulez, comme quelque chose qui est l’immédiateté, la proximité, aussi le fait de rassurer un caractère anxiogène. Donc tout ça fait que c’est à la fois victime de son succès et en même temps, sincèrement, les situations au niveau des urgences aujourd’hui et au niveau des hôpitaux ne sont pas dans les meilleures conditions.  

Vous parlez du dysfonctionnement du système à l’hôpital, quelle est la responsabilité, à votre avis, du passage aux 35 heures ?  

Oui, la question de mettre en place un certain nombre de normes et de protocoles, à la fois ça peut être profondément protecteur et en même temps sur la question des 35h, c’est inadapté à la réalité foisonnante d’hyper sollicitation des urgences.  

Certains parlent d’erreurs historiques  

Tout l’enjeu c’est de trouver justement jusqu’où une certaine forme de flexibilité, jusqu’où la protection des soignants… Parce que sincèrement des soignants qui sont en burn out de suractivité j’en rencontre tous les jours. La réalité est beaucoup plus complexe, et on a beaucoup plus un problème de sous-effectifs ou d’effectifs mal placés qu’un problème des 35h.

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