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Les Venise du monde. Malacca, "la Venise de l’Orient"

Chaque dimanche, Ingrid Pohu vous propose de partir à la découverte des "Venise du monde". Il s’agit des plus belles villes d’eau qui possèdent toutes une histoire et un charme particuliers. Direction la Malaisie, à 200 km de sa capitale, Kuala Lumpur.

Article rédigé par franceinfo, Ingrid Pohu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Malacca, la Venise de l'Orient. (Jean-Luc Grzeskowiak / RADIO FRANCE)

Nous partons explorer la ville de Malacca que l’on surnomme "la Venise de l’Orient". Elle est située sur l’un des passages maritimes les plus fréquentés au monde : le détroit de Malacca.

Ancienne cité portuaire de la fin du XIVe siècle

Cette ancienne cité portuaire fondée en 1396 par un sultan malais a subi de nombreuses transformations. Et aujourd’hui encore, cette ville au nom porteur d'exotisme n'a pas fini de vous surprendre…

Première surprise, à Malacca il n’y a pas de canaux, la ville est construite de part et d’autre d’une rivière qui méandre sur une soixantaine de kilomètres. Son estuaire a donné naissance au port, à l’origine de sa prospérité passée. Et la légende de Malacca tient aussi à son surnom "Venise de l’Orient", attribué suite à cette citation qui a traversé les siècles : "Celui qui règne sur Malacca tient dans ses mains la gorge de Venise !"

Malacca. (Jean-Luc Grzeskowiak / RADIO FRANCE)

Au XIVe siècle, la cité devient le plus grand port commercial de la région grâce à sa situation géographique très stratégique sur le détroit de Malacca comme le souligne Serge Jardin, un Français établi depuis 10 ans à Malacca. "Aujourd’hui le détroit de Malacca est un des passages les plus importants, mais ça fait 20 siècles que ça dure, la route de la soie maritime existe depuis la plus haute antiquité romaine. Donc, sa situation sur ce passage est un élément déterminant."

Soie de Chine, épices d’Indonésie, porcelaine du Japon

Tous ces produits de luxe transitent alors par Malacca. Voilà pourquoi les Portugais s’en emparent en 1511. Au XVIIe siècle, ils sont chassés par les Anglais, eux-mêmes délogés par les Hollandais au XIXe. Mais, de cet âge d’or, il ne subsiste quasiment plus rien, souligne Serge Jardin. "Il reste deux ruines, la plus vieille église catholique d’extrême orient et une porte, seul vestige de la forteresse portugaise détruite par les Anglais".

A Malacca, l’héritage hollandais est plus important : les typiques maisons en briques rouges abritent les bâtiments officiels dont l’Hôtel de Ville sur la rive gauche. Et au pied de la colline Saint-Paul se trouve la place dite "hollandaise". Avec sa fontaine dédiée à la reine Victoria d’Angleterre, c’est l’une des cartes postales les plus populaires de Malacca.

Malacca, Malaisie.  (Jean-Luc Grzeskowiak / RADIO FRANCE)

Sur la rive droite changement de décor, l’ambiance est nettement plus commerciale ! "C’est la rive économique, c’est là où toutes les communautés marchandes qui se donnaient rendez-vous dans ce port se sont installées : les Indiens, les Chinois, les Européens".

A Malacca, le spectacle est dans la rue

Le quartier de Chinatown regorge de petites échoppes : marchands de noix de coco, ferronniers, barbiers… Dans cette cité cosmopolite, on visite sur le même trottoir un temple chinois, un temple bouddhiste et une mosquée.

Mêlant styles néo-classique, Art nouveau et Art déco, les ruelles du centre historique sont un véritable dictionnaire de l’architecture. Très typiques aussi, les maisons bourgeoises des chinois de Malacca (les babas) dans l’une desquelles vit Serge Jardin. "Ces maisons sont fermées sur trois côtés. Et leur originalité, c’est d’avoir des cours intérieures, des puits de lumière, des puits d’aération comme on les appelle. Ce sont de véritables coquilles qui nous coupent du monde extérieur, c’est ce qui les rend très agréables."

Depuis 15 ans, Malacca bénéficie d’investissements étrangers

Une ville en plein développement qui continue à gagner du terrain sur la mer, grâce aux polders où s’élèvent des bâtiments modernes. On parle même d’un projet pharaonique devant Malacca. "Les Chinois vont investir dans quatre îles artificielles devant Malacca, pour créer le port en eau profonde qui n’a jamais existé et ils vont essayer de concurrencer celle qui est devenue la nouvelle Malacca au XIXe siècle : Singapour".

Depuis 2008, date de son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, Malacca connait une explosion touristique. Conséquence, les bords de la rivière sont totalement réhabilités et les entrepôts progressivement remplacés par des hôtels, bars et restaurants.

Dans le quartier hollandais rebaptisé "petite Venise", les touristes partent en mini-croisières sur des barques en plastique orange flashy comme sur la San Antonio River au Texas ! Tout ça pour plaire à la clientèle chinoise et malaise qui raffole des cyclo-pousses décorés… en Pokémon.

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