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Pourquoi fait-on dire aux Marseillais qu'une sardine a bouché le port ?

Ah, ces Marseillais ! Toujours à exagérer, à fanfaronner, à affabuler. Vrai ou faux? On dit que la propension des Marseillais à raconter des légendes est en soi une légende...
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9 min
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En tout cas, vous connaissez leur plus
fameuse faribole : il se raconte depuis la nuit des temps qu'une sardine a
bouché le port,  l'entrée du Vieux Port en l'occurrence. Au point que depuis le
XVIIIe siècle, "C'est la sardine qui a bouché le port " est devenue une
expression populaire française, qui signifie que tel ou tel récit est considéré
comme une galéjade, ou carrément un mensonge.

Une sardine ! Pourquoi pas
un anchois? L'extraordinaire de cette légende n'est pas qu'un mythomane ait un
jour raconté pareille absurdité, mais qu'elle se soit propagée de bouche à
oreilles et d'année en année. 

Quelle idée de raconter pareille
absurdité ? A moins que les sardines aient beaucoup changé ? Que l'une
d'entre elles ait subit une mutation génétique pré-Tchernobyl ? Ou alors on ne
parle pas de la même chose...

Eh bien, la
sardine était en fait... Le Sartine , un imposant vaisseau de commerce
construit en 1775, puis reconverti en bateau de guerre. Il tient son nom du
sieur Antoine Raymond Juan Gualbert Gabriel de Sartine, comte d'Alby,
secrétaire d'État à la Marine de Louis XVI, de 1774 à 1780. 

En 1779, Le Sartine
fut affecté au retour de prisonniers de guerre depuis l'Océan Indien après une
série de combats avec les Anglais au large de Pondichéry. En vertu des accords maritimes concernant
les échanges de prisonniers, Le Sartine était désarmé et naviguait sous
pavillon blanc. Hélas, à l'approche de Marseille, le capitaine ne put résister
à la forfanterie et fit hisser le pavillon français. La faute inutile, comme on
dit à l'OM. Les Anglais lancèrent alors une attaque contre lui. Sans canons
pour riposter, Le Sartine ne put que s'incliner. L'imposante frégate coula le
19 mai 1780, à l'entrée de la passe, obstruée durant plusieurs jours. 

C'est ainsi
que Le Sartine boucha le port. L'histoire, maintes fois racontée, a pris
des allures de légende, puis de vaste blague, pour cause de mauvaise
prononciation ! Le Sartine est devenu la sardine. 

Ah qu'est-ce
qu'on est serrés, au fond de
cette boite! [refrain connu ]. 

Jusqu'à preuve du contraire...

 

 

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