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Les Pourquoi. Pourquoi les moines sont-ils attachés à la gastronomie ?

On a tous en tête l'image du moine gourmand, et aussi gourmet. Que serait la cuisine française sans eux ?

Article rédigé par franceinfo, Philippe Vandel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jardins du monastère royal de Brou à Bourg en Bresse. (MAXPPP)

La légende raconte que c’est un moine, Dom Pérignon, qui a mis au point la méthode de vinification du champagne, au XVIIe siècle. L’aligot a été inventé par les moines de l’Aubrac, qui le servaient aux pèlerins de Saint-Jacques-de- Compostelle. En 1605, la liqueur de Chartreuse est élaborée dans le monastère du même nom. 

Il y a l’expression « gras comme un moine », d'autant plus étonnante que les serviteurs de Jésus ont fait vœu, non seulement de chasteté, mais aussi de pauvreté. 

Pourquoi cette appétence pour les métiers de bouche ? 

Pendant toute la durée du Moyen Âge, les monastères vivaient principalement en autarcie. Ils cultivaient leurs propres légumes, élevaient leurs bêtes, ils faisaient leurs propres fromages, leur bière, mais aussi leur vin (essentiel dans la messe). En dehors de la prière, de la lessive et de la cuisine, les moines avaient une importante activité : copier des bibles et des textes religieux, les fameux « moines copistes », célébrés par « Le Nom de la rose » d’Umberto Eco. 

Une nouvelle ère pour le savoir

Entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe, l'Occident invente une nouvelle façon de transmettre le savoir : l’université. Ce n'est pas la fac telle que nous la connaissons, plutôt des sortes d'associations entre maîtres et élèves. Mais la demande de livres s’accroît. Arrive alors le nouveau métier de « libraire », qui se charge aussi bien de l’édition que de la distribution. Les moines n’y suffisent plus, de plus en plus de lettrés se mettent à copier, des clercs, et même des laïcs.

En 1450, une invention révolutionnaire va mettre à bas le système des copistes : l’imprimerie. Le prix d’un livre sera à terme divisé par 10, puis par 20, puis par 100.  C’est Uber avant l’heure. 

Certes, les moines continueront à copier de magnifiques bibles en vélin, avec leurs enluminures d’or ou de lapis-lazuli. Mais pour le tout-venant, on fait de moins en moins appel à eux. Voici pourquoi, pardonnez cet anachronisme, ils ont dû se reconvertir dans l’agro-alimentaire. Ils avaient des terres, des installations, et le savoir-faire : ils ont changé d’échelle. Au lieu de monnayer uniquement leur surplus, ils se sont mis à produire pour vendre. 

Merci Gutenberg !
Jusqu’à preuve du contraire. 

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