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"Les Feuilles mortes" d'Aki Kaurismäki : tout doucement, sans faire de bruit

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Les Feuilles mortes" d'Aki Kaurismäki et "L'Arbre aux papillons d'or" de Pham Thiên Ân.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jussi Vatanen et Alma Pöysti dans "Les Feuilles mortes" d'Aki Kaurismäki. (MALLA HUKKANEN / SPUTNIK)

Des personnages taciturnes et un peu déprimés, une ambiance nocturne, et beaucoup d'humour noir, on est bien ici dans du 100% Kaurismäki. Et l'inclassable réalisateur finlandais de 66 ans nous présente deux protagonistes célibataires, un homme et une femme, dont le point commun, au début du film, est de se faire virer tous les deux de leur travail.

Elle, c'est Ansa, caissière dans un supermarché sinistre, licenciée parce qu'elle vole un produit périmé qui aurait fini à la poubelle. Lui s'appelle Holappa, viré pour alcoolisme au travail, sachant – comme il le dit lui-même – qu'il "boit parce qu'il déprime, et déprime parce qu'il boit". Deux personnages cabossés donc, deux travailleurs pauvres et précaires, bien de notre époque, même si le film semble anachronique, ils vont se rencontrer dans une soirée karaoké et vont tenter ensuite, non sans mal, de se retrouver.

C'est très beau, très poétique, et il y a donc beaucoup de tendresse et d'humour dans ces situations pourtant terribles (avec aussi la guerre en Ukraine en fond sonore à la radio), et de l'humanité et de l'espoir dans tout cela, sans oublier un hommage au cinéma, qui favoriserait les dialogues et rencontres. Le film est reparti avec le Prix du Jury du dernier Festival de Cannes.

L'Arbre aux papillons d'or de Pham Thiên Ân

Lauréat de la Caméra d'or à Cannes, qui récompense le meilleur premier film, toutes sélections confondues, Pham Thiên Ân a une maîtrise des images incroyable, alors qu'il est autodidacte, comme son personnage principal, il a commencé en filmant des mariages.

Ce personnage doit, à la mort accidentelle de sa belle-sœur, s'occuper de son neveu, il quitte Hô Chi Minh-Ville et rejoint la campagne de sa famille. Un voyage en forme de quête spirituelle. Cet homme, qui cherche la foi, retrouve une communauté catholique, minorité dans le pays, un amour de jeunesse devenue religieuse, et croise un vieux monsieur, vétéran des guerres coloniales, qui joue son propre rôle.

C'est long (trois heures) mais envoûtant, très beau et on découvre les doutes d'une jeunesse dans un pays en mutation. Images de la nature sublimes, plans-séquences parfaits, il y a du Michael Haneke et du Apichatpong Weerasethakul – l'un des principaux réalisateurs de la nouvelle vague du cinéma thaïlandais – chez ce jeune cinéaste, excusez du peu !

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