"Et la fête continue !", un Guédiguian pur jus
"Et la fête continue ! " de Robert Guédiguian
Robert Guédiguian retourne dans sa ville de cœur, Marseille, où la fiction croise des réalités tragiques et politiques, et où il entremêle des thématiques sociales, l'Arménie, le communisme, ses thèmes de prédilection, mais aussi les repas de famille avec sa troupe de comédiens qu'on aime recroiser tous les deux ans comme de vieux amis. On suit plus particulièrement le personnage de Rosa, 60 ans, infirmière, mère de famille et grand-mère, qui aide les plus démunis et hésite à prendre la tête d'une liste commune de gauche aux municipales. Tout se bouscule lorsqu'elle retrouve l'amour avec Henri, ancien libraire un peu rêveur.
Robert Guédiguian a voulu mettre beaucoup de choses dans ce vingt-troisième long-métrage : le Printemps Marseillais, la rue d'Aubagne, la situation des hôpitaux et des écoles, et l'art qui nous rapproche et nous unit. Et la fête continue ! est donc un Guédiguian pur jus, à prendre avec ses qualités et ses défauts. C'est parfois un peu naïf, là ou certains de ses films récents avaient une tonalité plus sombre, mais le résultat est le plus souvent bouleversant, Ariane Ascaride en Rosa flotte sur tout cela avec majesté. Et dans une courte scène en apparence anodine, un livreur tend son épaule à un client pour qu'il signe son reçu, et c'est peut-être ça le cinéma de Guédiguian, une épaule à la fois rude et réconfortante, tournée vers les autres.
Vincent doit mourir de Stéphan Castang
Vincent, c'est Karim Leklou qui, un jour, se fait violemment agresser par un stagiaire au travail. Cet acte inexpliqué est le début d'une descente aux enfers, qui va l'obliger à s'exiler à la campagne, où il va rencontrer Margaux, l'incroyable Vimala Pons. Entre eux, il y aura du désir, de l'amour mais aussi cette violence qui surgit sans prévenir, véritable épidémie qui envahit le pays en entier. En passant par le genre, Stéphan Castang ausculte tous nos travers contemporains : la violence gratuite, la paranoïa, la phobie de l'autre, le repli sur soi, les fake news, bref, un enfer pas réjouissant mais, qui sait, peut-être l'amour...
Vincent doit mourir est incroyablement maîtrisé, par ses interprètes et son réalisateur, un quasi-inconnu, premier film à 50 ans pour Stéphan Castang, qui avait quelques courts-métrages à son actif, mais surtout une vie au théâtre et en Bourgogne, loin de Paris, comme quoi, quand il sort de son entre-soi, le cinéma français s'ouvre à des talents, c'est amplement mérité, longue vie à Vincent !
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