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Présidentielle : en quête de rassemblement, Benoît Hamon ne cède rien sur son programme

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Benoît Hamon, lors de son meeting d'investiture à Paris, le 5 février 2017. (CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS)

Lors de son discours, dimanche, le candidat du PS a pu mesurer le chemin qu'il lui reste à parcourir pour rassembler sa famille politique.

Des cohortes de ministres absents, tout comme quatre de ses six ex-concurrents à la primaire. Pour son discours d'investiture à la présidentielle, dimanche 5 février, Benoît Hamon a pu mesurer le chemin qu'il lui reste à parcourir pour rassembler sa famille politique.

>> Revivez en intégralité le discours de Benoît Hamon lors de son meeting d'investiture

Devant quelque 2 000 socialistes réunis à la Maison de la mutualité, à Paris, le vainqueur de la primaire a tenté de donner des gages. A Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts), en consacrant une bonne partie de son discours à la transition énergétique. A Manuel Valls, en glissant un mot sympathique pour la poignée de lieutenants de l'ancien Premier ministre qui avaient répondu présent.

"Hollande a sauvé des vies"

Les partisans de François Hollande, eux, ont eu droit à un éloge de la politique étrangère du chef de l'Etat. "Il a sauvé des vies", a lancé Benoît Hamon, avant d'énumérer les points positifs du quinquennat : efforts en faveur de l'Education nationale ou encore opposition au traité transatlantique... Pour autant, "ce bilan ne peut être l’axe autour duquel nous faisons une campagne", a-t-il rapidement évacué. "La question, c'est : 'Où veut-on aller ?'"

Sur le fond, le candidat socialiste n'a rien lâché. Ni sur son revenu universel d'existence, "qui a beaucoup fait parler et qui continuera à faire parler". Ni sur le cannabis, dont il a une nouvelle fois prôné la légalisation. Ni sur son 49.3 citoyen, qui permettrait aux citoyens de provoquer un référendum pour bloquer un projet de loi.

Macron dans le viseur

Pendant un peu moins d'une heure, Benoît Hamon s'est, en réalité, employé à décliner à nouveau les thèmes de campagne qui lui ont permis de gagner, à la fin janvier, plutôt que de livrer le discours personnel attendu dans de telles circonstances.

Je ne suis pas l'homme providentiel et je ne le demande surtout pas.

Benoît Hamon

lors de son meeting d'investiture

"Je rejette ce costume qui repose sur une tromperie et une imposture", a-t-il lâché, étayant son propos avec une citation de Pierre Mendès-France : "Choisir un homme, fût-il le meilleur, plutôt qu'une politique, c'est abdiquer."

Avec un discours programme, Benoît Hamon a pris le contre-pied total de la grand-messe présidentielle d'Emmanuel Macron, la veille à Lyon. "Complètement à côté de la plaque" sur sa connaissance du travail des jeunes, "jeune guépard du système touché par la grâce", le candidat d'En marche ! en a pris pour son grade. Une manière d'affirmer sa ligne tout en ressoudant la famille socialiste autour d'un adversaire commun.

Les vallsistes minimisent les divergences

Soupçonné par certains de regarder avec un peu trop d'indulgence du côté de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon lui a opposé une fin de non-recevoir en refusant de barrer la route à certaines personnalités du gouvernement, comme Myriam El Khomri. "Le rassemblement, ça commence par le fait de ne pas exiger des têtes", a-t-il déclaré.

Cette fermeté affichée vis-à-vis du leader de la France insoumise suffira-t-elle à amadouer l'aile droite du PS ? Les oreilles de certains vallsistes ont dû siffler ce dimanche, lorsque Benoît Hamon a réaffirmé sa vision du travail "qui peut être une souffrance, y compris pour les jeunes". Ou quand Christiane Taubira, ovationnée par les militants, a déclaré : "Nous allons redevenir une gauche de combat, et non de constat."

Devant les journalistes, les partisans de Manuel Valls présents dans la salle tentaient pourtant de minimiser les divergences. "Sur le revenu universel, Benoît Hamon s'arrête au premier étage de sa proposition. C'est au final très proche de ce que proposait Manuel Valls", se réjouit ainsi Luc Carvounas. Le sénateur du Val-de-Marne est d'ailleurs pressenti pour tenir une place importante dans l'organigramme de campagne de Benoît Hamon, qui sera annoncé en fin de semaine.

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