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Elina Feriel : "Marseille est au bout de la violence"

A Marseille, les règlements de comptes se succèdent, avec cinq assassinats déjà depuis le début de l'année. A chaque fois, ce sont des vies et des histoires familiales qui sont touchées, comme celle d'Elina Feriel. La jeune femme a vécu la violence de près, et elle écrit sur Marseille, ses quartiers nord et ses violences liées aux trafics de drogue.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (©)

Elina Feriel, auteur de "Au bout de la violence"
chez Jean-Claude Gawsewitch, livre son témoignage. Elle a vécu dans ces quartiers
et elle a décidé de raconter ce parcours.

Avant ces violences, tout commence par une histoire d'amour
avec Sabri qui va devenir son mari. Elle avait 17 ans et lui 21. "On
est ado, on tombe amoureux. Comme il n'y a pas de mixité sociale, forcément, on
tombe amoureux des jeunes des environs. J'avais manqué de tout et il est arrivé.
C'était le chevalier sur son destrier blanc. Il était très généreux, très
respecté. Quand on a 17 ans, cela force l'admiration même s'il n'était pas de
la même cité que moi."

Au début, elle ne sait pas d'où vient son argent. Pour le
trafic, elle évoque un "système de débrouille" avant que la
méthode devienne plus professionnelle. "On est repéré parce que l'on
est plus 'vaillant'. On est venu le chercher parce qu'on savait qu'il était
capable de mener à bien ce qu'il entreprenait."
Sabri "touche
à tout"
et développe ses activités.

"On me dit : tu as fait un livre pour tout
balancer".

"Je ne balance rien sur mon mari : j'explique ma
vie"
se confie Elina Feriel. "J'ai assumé ma vie. Il n'y a
rien de nominatif dans mon livre. C'est mon histoire."
Elle avoue
quand même avoir toujours peur aujourd'hui. "Cela déplait, tant
pis"
. Elle raconte aussi les coups infligés par son mari. "J'ai
subi une vie loin des fantasmes de la femme de gros voyou. Moi, j'étais à la
maison. Je ne sortais que pour voir ma famille ou ma belle famille."
Puis
elle voit son mari avoir peur. "Il se sentait menacé. Il m'a préparée
en me disant qu'un jour où l'autre il risquait de partir."

"Qu'allez-vous faire contre des balles?"

Elle a appris sa mort par téléphone. "Une de mes sœurs
me l'a annoncée"
. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Son nouveau
compagnon, Sam, a un profil différent. Tout comme son frère. "Il a fait
une peine de prison pour rien. Cela ne fait pas de lui quelqu'un de mauvais."

Aujourd'hui, elle en veut à la corruption généralisée à
Marseille. Elle parle de mafia :
"On pointe du doigt les quartiers nord comme de la poudre aux yeux.  Les problèmes viennent de plus haut. Des gens
qui aident certains voyous. Des gens qui ont des frères politiciens qui sont
des voyous."
Elle prône donc une solution drastique, les renforts de l'armée.

"L'armée est une des solution, ainsi que la
légalisation du cannabis".

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